The Son

  • Réalisateur : Florian Zeller
  • Genre : drame
  • Nationalité : Etats-Unis
  • Distribution : Hugh Jackman, Laura Dern, Vanessa Kirby
  • Durée : 2h03 mn
  • Sortie : 1er mars 2023

Après The Father, Florian Zeller continue son aventure américaine avec l’adaptation d’une de ses autres pièces, The Son,  centrée sur un adolescent dépressif et l’incompréhension de ses parents, sur les rapports père-fils, et la blessure  impossible à cicatriser, d’un divorce.

Le film s’ouvre sur une image  de bonheur domestique : une mère, Beth chantonne pour son bébé sous le regard attendri du père, Peter. Cette harmonie est cependant très vite rompue quand Kate, l’ex- femme de Peter, frappe à leur porte et dit à Peter qu’elle se fait du souci pour leur fils adolescent, Nicholas. Nicholas  ne va plus à l’école depuis un mois et demande à vivre chez son père.

Le cadre est posé: le spectateur suit les efforts de Peter pour essayer de contrer le sentiment de tristesse de son fils. Mais toutes ses tentatives sont vouées à l’échec. Le film se concentre sur Peter qui réagit par la logique, la raison et la force et tente de comprendre les racines de la dépression de Nicholas. The Son montre  aussi les difficultés d’une famille fracturée, qui tente de se reconstruire, à travers  quatre niveaux : celui du père, de la mère, du fils, et de la nouvelle compagne.

 On saisit rapidement que ce que souhaite le réalisateur, à savoir rendre compte de la difficulté de communiquer, de l’impuissance parentale, de l’aveuglement qui s’érige vite en barrière insurmontable, des carences émotionnelles qui empêchent de répondre adéquatement à la souffrance d’autrui.

La force du film réside dans la construction des décors dans lesquels évoluent les personnages : les espaces clos des appartements, des bureaux. Les protagonistes se situent de part et d’autre des pièces,  notamment l’appartement du père, symbolique d’un fossé, d’une incompréhension matérialisée ici par un espace et par des dialogues difficiles à achever.

Le choix de confronter Peter à son père pour faire ensuite le parallèle avec son propre fils permet de comprendre un des propos du film : nous sommes le fruit de notre éducation et nous reproduisons  inconsciemment les erreurs de nos prédécesseurs. 

 Malgré un duo père-fils tombant parfois dans le pathétique dès lors que Peter essaye de comprendre et d’écouter les tourments de son fils ainé, The Son reste une belle œuvre cinématographique émouvante et sincère. Très classique dans sa forme, ce drame familial, bien construit et didactique, est d’une précision implacable

Philippe Cabrol
Chrétiens et Cultures

La syndicaliste

  • Réalisatrice : Jean-Paul Salomé
  • Genre : drame, thriller
  • Nationalité : France
  • Distribution : Isabelle Huppert, Marina Foïs, Yvan Attal, Grégory Gadebois
  • Durée : 2h01 mn
  • Sortie : 1er mars 2023

Le 17 décembre 2012, Maureen Kearney, déléguée CFDT au sein d’Areva, le grand groupe industriel du nucléaire français, était agressée chez elle, ligotée à une chaise, un A gravé sur son ventre avec un couteau retrouvé enfoncé par le manche dans son vagin. Il fallait terroriser, traumatiser et faire taire celle qui avait commencé à dénoncer en haut lieu des dérives à la direction d’Areva. Jean-Paul Salomé en a tiré La Syndicaliste, film dossier édifiant. Jean-Paul Salomé s’exprime ainsi : « J’ai voulu montrer le calvaire de Maureen Kearney. La manière dont elle a vécu ce qui lui est arrivé…Pour rendre sa vérité à cette femme qui fut accusée d’avoir tout inventé, il ne fallait pas tricher sur son identité. Dès lors, tous les noms de l’affaire devaient sortir… ». « L’exposer elle et protéger les autres aurait été humainement dégueulasse », résume le réalisateur. Dans le livre de Caroline Michel-Aguirre, qu’il a adapté avec sa coscénariste Fadette Drouard, il a trouvé la chronologie des événements, « formidablement documentée ». La dimension humaine de la syndicaliste, il l’a nourrie en rencontrant l’intéressée. Un travail d’écriture soumis à la relecture d’un avocat. “Maureen Kearney sait que c’est son histoire, mais ma vision.”

 Jean-Paul Salomé oriente son récit vers l’hommage à une figure héroïque féminine de la résilience en tant que lanceuse d’alerte. Ainsi, la première partie descriptive qui se rapproche davantage du cinéma de la dénonciation des rouages économico-politiques laisse la place à un portrait intime et psychologique de femme où le doute quant à son innocence est volontairement mis en scène durant l’enquête.

La Syndicaliste suit pas à pas cette femme dans sa lutte et ses affrontements avec les gros bras de l’industrie et de la politique qui voient d’un mauvais œil son engagement à faire éclater au grand jour les vérités autour de cet accord imminent avec la Chine. La syndicaliste n’est pas un film « inspiré d’une histoire vraie », c’est un film qui donne sa version d’une histoire qui s’est vraiment passée il y a une dizaine d’années

Philippe Cabrol
Chrétiens et Cultures

Mon crime

  • Réalisatrice : François Ozon
  • Genre : comédie dramatique et policière
  • Nationalité : France
  • Distribution : Nadia Tereszkiewicz, Rebecca Marder, Isabelle Huppert, Fabrice Luchini, Dany Boon, André Dussolier
  • Durée : 1h42 mn
  • Sortie : 8 mars 2023

« Depuis longtemps, je souhaitais raconter une histoire autour d’un faux coupable ou d’une fausse coupable», avoue François Ozon. Pour donner vie sur grand écran à cette envie profonde, le réalisateur a choisi d’adapter librement la pièce de théâtre de Georges Berr et Louis Verneuil présentée en 1934.

Dans les années 30 à Paris, Madeleine Verdier, jeune, blonde et jolie actrice sans le sou et sans talent, est accusée du meurtre d’un célèbre producteur. Aidée de sa meilleure amie Pauline, brune, jeune avocate au chômage, elle est acquittée pour légitime défense. Commence alors une nouvelle vie, faite de gloire et de succès, jusqu’à ce que la vérité éclate au grand jour…

François Ozon est l’un des cinéastes les plus réguliers du paysage cinématographique hexagonal. Chaque année nous avons droit à un « nouveau Ozon »  Mon crime est le 3eme volet de sa trilogie sur la condition féminine après 8 femmes (l’action se déroulait dans les années 50) et Potiche (l’action se déroulait dans les années 70).   François Ozon s’amuse d’une histoire rocambolesque riche en verve et en bons mots qu’il actualise autour de la  cause des femmes.

 Comédie policière, entre suspens et comique de boulevard, Mon crime  est doté d’une grâce indéniable, d’un humour aussi fin qu’efficace, le film est ludique, rythmé et jubilatoire.  Ozon s’en donne à cœur-joie en assumant l’artificialité du jeu et de la mise en scène.

Précisons que dans ce film, Fabrice Luchini imite Louis Jouvet, l’une de ses idoles, Dany Boon prend l’accent de Raimu. Ils surjouent tous un peu, comme il se doit. Dans les années 30 les comédiens osaient cabotiner : on les aimait même pour ça !

Ce long-métrage sorte en salles le 8 mars, journée internationale des droits des femmes. «J’ai voulu (…) faire résonner au sein de l’intrigue nos préoccupations contemporaines autour des rapports de pouvoir, d’emprise dans les relations hommes/femmes. Et jouer sur les parallèles entre le théâtre et la justice», indique le cinéaste ».

Philippe Cabrol
Chrétiens et Cultures