Saint Joseph, époux de la Vierge Marie et père nourricier de Jésus-Christ, occupe une place essentielle dans la tradition catholique. Bien que son rôle soit peu détaillé dans les Évangiles, il joue une part fondamentale dans l’histoire du salut. Patron de l’Église catholique, des travailleurs et des pères de famille, il est l’un des rares saints célébrés deux fois par an le 19 mars et le 1er mai.
Une vie marquée par la justice et l’obéissance
Les Évangiles de Matthieu et de Luc nous offrent les principales informations sur Joseph. Son prénom, issu de l’hébreu Yosef, signifie « il ajoutera ». Descendant du roi David, il était charpentier à Nazareth, un homme juste (c’est à dire ajusté à Dieu) et fidèle à la Loi . À cette époque, le métier de charpentier englobait aussi bien la construction que la menuiserie. Le travail manuel était alors perçu comme un moyen honorable et respectable de subvenir à ses besoins et ceux de sa famille.
On ignore les circonstances exactes de sa rencontre avec Marie. Dans la tradition juive, le mariage se déroulait en deux étapes : les noces, puis l’installation du couple. Avant qu’ils ne vivent ensemble, Marie se retrouve enceinte. Conformément aux coutumes, Joseph aurait pu la répudier publiquement. Cependant, étant un homme juste (Mt 1,19), il choisit de la renvoyer en secret.
C’est alors qu’un ange lui apparaît en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, car l’enfant qui a été conçu en elle vient de l’Esprit Saint. Elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : “Le-Seigneur-sauve”), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. » (Mt 1,20-21). À son réveil, Joseph accepte le dessein divin et accueille Marie chez lui.
L’intégrant ainsi dans la lignée de David, Joseph élève Jésus dans le respect des traditions juives : il le fait circoncire huit jours après sa naissance et le présente au Temple, où le prophète Siméon reconnaît en lui la lumière des nations.
Les Évangiles relatent d’autres moments clés de son existence : la fuite en Égypte pour échapper à la persécution d’Hérode, dictée par un deuxième songe (Mt 2,13-14), et le retour à Nazareth après la mort du roi, suite à un troisième songe (Mt 2,19-21). Plusieurs théologiens estiment que Joseph serait décédé avant le début de la vie publique de Jésus.

Un “grand silencieux” habité par la foi
Les Évangiles ne mentionnent aucune parole de Joseph. La tradition considère que ses actes prévalent sur ses mots, et que son silence est d’une part une manifestation de son indéfectible foi, mais donne d’autre part, une profondeur remarquable à sa mission. Ce qui le distingue, c’est son obéissance aux songes : à trois reprises, l’ange du Seigneur lui apparaît en rêve, et chaque fois, Joseph agit sans attendre ; acceptant Marie, prenant la fuite en Égypte, revenant s’établir à Nazareth.

Le développement de son culte
La vénération de saint Joseph s’est développée progressivement. Honoré en Orient dès le IVe siècle par quelques saints, il devient, à partir du XIIIe siècle, un modèle de piété pour les chrétiens redécouvrant l’humanité du Christ.
Deux figures marquantes, le franciscain Bernardin de Sienne et le théologien Jean Gerson (1363-1429), posent les bases théologiques de son culte. Cependant, c’est Sainte Thérèse d’Avila, au XVIe siècle, qui contribue le plus à sa popularisation en plaçant les carmels qu’elle fonde sous sa protection.
Au fil des siècles, la dévotion à saint Joseph s’étend. Plusieurs apparitions, dont celle du rocher de Cotignac, sont reconnues par l’Église. En 1661, après la naissance de son premier enfant, le roi Louis XIV consacre la France à saint Joseph et demande que sa fête soit célébrée dans tout le royaume. D’autres nations suivent cet exemple : le Canada (1624), le Pérou et la Bohême (1655), ainsi que l’Espagne (1657). Parallèlement, de nombreux diocèses, congrégations et institutions se placent sous son patronage.
En 1870, le pape Pie IX le proclame Patron de l’Église universelle et fixe au 19 mars sa fête officielle. En 1889, Léon XIII le désigne comme saint patron des pères de famille et des travailleurs. Plus tard, Pie XII institue, en 1955, une seconde fête en son honneur, le 1er mai, sous le titre de Joseph artisan. En 1971, Paul VI le proclame « protecteur de la famille ». Plus récemment, le pape François a mis en lumière sa figure en lui consacrant une Année spéciale (2020-2021) et en intégrant son nom dans plusieurs prières eucharistiques.
Un modèle intemporel pour les catholiques
Saint Joseph incarne de nombreuses vertus essentielles à la vie chrétienne :
• Sa foi inébranlable, qui lui fait accepter le mystère de l’Incarnation
• Son obéissance à la volonté divine, manifestée dans ses songes
• Sa chasteté dans sa relation avec Marie
• Sa protection et son dévouement sans faille envers la Sainte Famille
• Son travail humble et consciencieux comme charpentier
Par son exemple, Joseph rappelle que la sainteté se vit aussi dans la simplicité du quotidien et les responsabilités familiales. Il nous enseigne la valeur du silence, de l’humilité et du service discret, faisant de lui une figure inspirante pour les croyants d’hier et d’aujourd’hui.

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