Histoire du diocèse

Le territoire du diocèse de Montpellier est celui du département de l’Hérault. Le département, adossé au Nord aux Cévennes, descend insensiblement, par paliers successifs, vers la Mer Méditerranée.

Dès les temps les plus reculés, grâce à sa disposition géographique, l’Hérault a été un lieu de passage très fréquenté (Celtes, Ibères, Ligures). La côte, elle-même très accessible, a vu s’y établir des populations venues par la mer (Phéniciens et Grecs). C’est le cas d’Agde (Agathé), fondée au VIe siècle avant Jésus-Christ par une colonie grecque essaimée de Marseille. Les fouilles d’Ensérune, près de Béziers, apportent elles aussi la preuve d’une présence de population remontant à des époques très reculées (VIIIe siècle avant Jésus-Christ).

Enjambant les siècles, l’époque de l’occupation romaine est une époque de prospérité pour notre région. La construction de la voie Domitienne se substituant à l’ancien chemin d’Héraclès relie Nîmes à Béziers et Narbonne. Les colonies de vieux soldats sont au point de départ de nouvelles villes, telle par exemple Béziers.

La présence de peu d’inscriptions chrétiennes laisse supposer une diffusion lente du christianisme dans notre région. Quoi qu’il en soit, au IVe siècle on notait l’existence de l’évêché de Béziers ; aux Ve et VIe siècles l’existence des évêchés de Maguelone, Agde et Lodève. L’évêché de Saint-Pons-de-Thomières ne fut créé qu’au XIVe siècle par le pape Jean XXII.

Bientôt, à la Pax Romana qui marquera profondément notre région, succèdent les invasions. Elles vont se dérouler pendant plusieurs siècles. Les premières ne font que traverser le pays. Au Ve siècle, les Wisigoths ariens venant d’Espagne envahissent la Narbonnaise, ils y demeurèrent près de 300 ans. Ils créèrent la Septimanie. C’est sous leur domination parfois bienveillante qu’a lieu en 506 le célèbre Concile d’Agde présidé par saint Césaire d’Arles. Ce Concile est précieux non seulement par les décisions disciplinaires prises, mais il l’est aussi par la présence de 35 évêques et des représentants de 10 autres. De tels chiffres soulignent l’existence dans notre région d’un christianisme vivant dès le Vle siècle.

Au VIlle siècle, les Arabes s’établissent dans le pays. Béziers tombe en leurs mains (725). Charles Martel (737), après la victoire de Poitiers, pour éviter leur retour détruit plusieurs villes du littoral et notamment Maguelone.

Maguelone, depuis au moins le VIe siècle est siège d’un évêché. Ayant été cédée au Saint-Siège par Pierre, Comte de Malgueil (1035), Maguelone devient terre papale. Au Xle et Xlle siècles, quatre Souverains Pontifes viennent la visiter ou s’y réfugier.

 

Au cours de cette même période se fondent, à travers le diocèse, de nombreux monastères : Saint-Chinian, Saint-Thibéry, Villemagne, Saint-Pons-de-Thomières, Saint-Guilhem-le-Désert. La création de ce dernier est due à un compagnon de Charlemagne, Guillaume d’Aquitaine dit Guillaume au court nez. L’insigne relique de la Vraie Croix qu’il possède est lieu de pèlerinage pour les pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle. A côté de Saint-Guilhem, Aniane dont le fondateur Saint Benoît d’Aniane est justement célèbre comme réformateur de l’ordre bénédictin. Saint Fulcran (Xle siècle) évêque de Lodève pendant 57 ans fut pour ses ouailles, le bon Pasteur. Son souvenir demeure toujours vivace à notre époque. Il demeure toujours le Père dans la Foi du Lodévois. Chaque jour depuis sa mort, après l’Angélus du soir, sonne le glas de saint Fulcran pour rappeler la mort de ce grand Evêque.

Maguelone détruite par Charles Martel, razziée fréquemment par les Arabes, voit son évêque et ses chanoines se retirer à l’intérieur des terres à Substantion, près de Castelnau-le-Lez, pendant trois siècles.

Arnaud, le grand Arnaud, évêque de Maguelone décide le retour à Maguelone (Xlle siècle). Il restaure le port, il construit la Cathédrale Saint-Pierre. La masse imposante de cette dernière se dresse encore, au bord de la mer, dans un cadre unique. Pendant quatre siècles encore, Maguelone va reprendre vie.

Montpellier n’était qu’une modeste bourgade à l’époque carolingienne. Sa croissance rapide à partir du Xle siècle, sa réunion avec sa jumelle Montpelliéret au XIVe siècle, invite les évêques de Maguelone à venir y séjourner de plus en plus fréquemment. Le transfert du siège de Maguelone à Montpellier (1536) porte à Maguelone un coup fatal.

Montpellier, ville savante, marchande, avec son port de mer de Lattes, entretient un fructueux commerce avec le Proche-Orient. Elle voit les pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle faire étape auprès de son sanctuaire de Notre-Dame-des-Tables pour vénérer la “Majesté Antique”.

Au Xllle siècle, le développement universitaire à Montpellier est tel que Nicolas IV (1289) établit un Studium Generalis (droit civil et canonique, médecine, arts). Cet acte accorda à l’université de Montpellier un rang égal aux célèbres universités de Bologne et de Paris. L’évêque de Maguelone en est le recteur. Le Bienheureux Urbain V, un de ses professeurs devenu Pape, en devient un bienfaiteur insigne, il crée deux collèges pour les étudiants. L’un d’eux est réservé aux moines bénédictins, il vient lui-même (1367) consacrer l’autel de la chapelle de ce collège, chapelle qui deviendra église cathédrale lors du transfert du siège de Maguelone à Montpellier (1536).

L’hérésie albigeoise (Cathares), au Xllle siècle, va secouer durement notre région. Le meurtre du légat du Pape, le Bienheureux Pierre de Castelnau, sur les bords du Rhône est le point de départ de la Croisade contre les Albigeois. Cette répression menée par les soldats de Simon de Montfort est la source de nombreux troubles. Le vicomte de Béziers, Raymond de Trencavel, solidaire du Comte de Toulouse, essaie vainement de défendre sa ville contre les croisés. Cette résistance désespérée aboutit au terrible massacre des biterrois réfugiés dans l’église Sainte-Madeleine.

Les guerres de religion entre catholiques et protestants apportent trois siècles plus tard de nouvelles discordes.

Pendant près de 60 ans, de 1560 à 1622, ce n’est qu’une succession de luttes fratricides.

La paix revenue, de nombreuses ruines couvraient les cinq diocèses; tout est à reconstruire. Que de blessures à panser, que de misères à soulager. Ce sera l’oeuvre des Evêques du XVIIe et du XVIIIe siècles. Cet effort de restauration sera encore troublé pendant plusieurs années après la Révocation de l’Edit de Nantes (1685), par la guerre des Camisards, protestants des Cévennes. La création du port de Sète (1666), la construction du Canal du Midi (1716), apportent à notre région un développement économique important. Le XVIIIe siècle devient une ère de prospérité. Les derniers Evêques jettent comme un dernier éclat sur une page d’histoire religieuse qui s’achève.

C’est par exemple Mgr de Nicolaï, évêque de Béziers refusant d’être évêque du département de l’Hérault et préférant l’exil ; Mgr de Saint-Simon, évêque d’Agde, mourant sur l’échafaud à Paris ; Mgr de Malide, évêque de Montpellier, mort en exil en 1812 à Londres ; Mgr de Fumel, évêque de Lodève mort à la veille de la Révolution.

La tourmente révolutionnaire eut ses contrecoups dans le diocèse puisque, notamment à Montpellier, dix prêtres furent guillotinés sur la promenade du Peyrou ; à Paris, sur l’échafaud, montent un chanoine de Joncels, le Bienheureux Guilleminet, du diocèse de Béziers, et l’évêque d’Agde, Mgr de Saint-Simon. Le peuple de l’Hérault, dans la tourmente révolutionnaire, resta dans son ensemble fidèle à Rome et au clergé réfractaire.

La révolution française avait créé le département de l’Hérault et l’Evêché du même nom dont le siège était à Béziers. Le Concordat de 1801 donne naissance à l’évêché de Montpellier avec juridiction sur les départements de l’Hérault et du Tarn et rattaché à la province ecclésiastique de Toulouse.

Mgr Marie-Nicolas Fournier (1807-1835) fut vraiment le restaurateur du diocèse, Il en fut le véritable Père, titre qui lui fut décerné par la reconnaissance populaire.

Le 10 octobre 1822, l’archevêché d’Albi est rétabli. Le diocèse a désormais comme limite le département de l’Hérault et est rattaché à la province ecclésiastique d’Avignon.

En 1847, Mgr Charles Thomas Thibault (1835-1860) obtint pour la cathédrale le titre, alors rarement accordé, de basilique mineure. Deux soubresauts agitent encore le département. En 1815 la Terreur blanche, la réaction contre les idées de la Révolution et de l’Empire amène de nombreux et graves désordres.

En 1852 le coup d’Etat du Prince Président trouve une nette désapprobation dans l’Hérault.La répression est impitoyable : 2 050 héraultais sont envoyés en déportation en Algérie ou à Cayenne.

En 1875, l’ancienne Cathédrale de Maguelone, restaurée par les soins de M. Frédéric Fabrège, est réconciliée et rendue au culte par Mgr de Cabrières.

En 1877, par rescrit pontifical l’évêque de Montpellier ressuscite en sa personne les sièges des anciens évêchés compris sur le territoire du département de l’Hérault. Il devient évêque de Montpellier, Agde, Béziers, Lodève et Saint-Pons-de-Thomières.

Au moment de la dure crise viticole de 1907, des manifestations ont lieu dans les principales villes du Midi. Elles ont leur couronnement à Montpellier en juin 1907. Plus de 500 000 personnes y participent.

Mgr de Cabrières, près de son peuple, ouvre les églises de sa ville épiscopale à la foule des manifestants pour qu’ils puissent trouver pour la nuit un abri.

Arrivée au début du XXe siècle, l’histoire de notre diocèse est plus présente à toutes les mémoires. Les faits sont trop proches de nous. Pour nous permettre d’en parler avec toute l’objectivité nécessaire laissons passer l’épreuve du temps.