
Mardi 27 mai dernier, l’Assemblée Nationale adoptait en première lecture deux propositions de loi relatives à la fin de vie : l’une liée au développement des soins palliatifs, l’autre au nouveau « droit à l’aide à mourir ». Le texte est à ce jour transmis au Sénat. Le service diocésain de la Pastorale de la Santé souhaite relayer le manifeste “Fin de vie : mobilisons-nous ! ” rédigé par Fr Damien, op.
“La proposition de loi actuelle sur l’« aide à mourir », poussée par une rhétorique de compassion et de liberté, imposerait néanmoins à la société la terrible obligation de s’organiser pour pouvoir provoquer notre mort quand notre santé se dégrade. Cette option serait inévitablement favorisée par rapport aux soins palliatifs, plus coûteux. Nous laisserons-nous infliger une telle politique ?”
Par Frère Damien, op

Nous laisserons-nous imposer une politique qui organise notre mise à mort quand notre santé devient fragile ?
Fr. Damien Duprat – 7 juin 2025
Le constat est sans appel. Le 27 mai dernier, les partisans d’une certaine légalisation de la mort provoquée ont échoué à faire croire ce qu’ils osent prétendre : que cette mesure serait dans la continuité des soins palliatifs. À l’Assemblée nationale, le renforcement de ces soins a été approuvé à l’unanimité. En revanche, seule une courte majorité (54%) des députés présents a soutenu la proposition de loi présentée par M. Olivier Falorni, qui voudrait mettre en place, sous l’euphémisme d’ « aide à mourir », le suicide assisté et l’euthanasie.
Ce combat se situe d’abord sur le terrain de l’intelligence et du cœur. Aujourd’hui, notre code pénal punit la personne qui contribue au décès d’une autre, même à sa demande. Pour quelles raisons en est-il ainsi ? N’est-ce pas au nom de principes antérieurs à toute législation, comme notre amour de la vie et la solidarité qui nous lie les uns aux autres ? Cela vient du cœur ; introduire dans la loi des exceptions à la prévention du suicide, allant jusqu’à instaurer un « délit d’entrave à l’aide à mourir », s’oppose frontalement à l’élan d’humanité qui nous pousse à prendre soin les uns des autres.
Les soins palliatifs sont d’une grande efficacité pour accompagner et soulager dans la maladie. Or, « 500 personnes meurent chaque jour en France sans avoir pu bénéficier de soins palliatifs et de l’accompagnement nécessaire » (Dr Claire Fourcade, présidente de la Société Française d’Accompagnement et de Soins Palliatifs). En plus d’être un scandale, cette situation fausse le débat et les sondages concernant la fin de vie. La mort administrée en vient à apparaître comme une issue souhaitable face à la douleur et à la dépendance.
Le geste qui tue n’a pas sa place parmi les soins médicaux. Aurait-on oublié cette règle de sagesse, déjà formulée dans la Grèce antique par le serment d’Hippocrate (IVe siècle av. J.-C.) ? « Je ne remettrai à personne du poison, si l’on m’en demande, ni ne prendrai l’initiative d’une pareille suggestion ». Autoriser cela, même dans un cadre qui se veut strict, constitue par le fait même une incitation : ce qui est permis est censé être une bonne chose, et l’option la moins coûteuse s’impose peu à peu comme la norme.
N’est-ce pas ce qui se passe par exemple en Belgique, où l’euthanasie est légale depuis 2002 ? En 2017, le Dr Marc Moens, président de l’Association belge des syndicats médicaux, déplorait : « Depuis août 2016 et à la suite des problèmes budgétaires dans le domaine des soins aux personnes âgées, on commence à débattre d’une politique de l’euthanasie motivée par des considérations socio-économiques… Dans les journaux, on plaide aujourd’hui ouvertement en faveur de l’euthanasie des patients Alzheimer… » Ce triste constat est cité en page 75 du rapport d’information n°795 du Sénat français, intitulé Fin de vie : privilégier une éthique du soin (2023). Le même document fait état d’autres observations alarmantes, en Belgique et ailleurs (Canada, Pays-Bas…). N’est-il pas urgent que cela soit connu de tous ? Renseignons-nous sur les faits auprès de sources fiables et parlons-en.
Acceptons-nous que dans chacune de nos familles se pose prochainement la question de savoir qui d’entre nous est « éligible à l’aide à mourir » ? Cette perspective appelle bien davantage que des réserves. Nous sommes responsables d’exiger une politique qui protège, soutient et accompagne la vie de chacun, au lieu d’organiser notre mise à mort quand notre santé devient fragile.
Vivre dans un pays où la vie est respectée, cela se mérite ! Nous avons le pouvoir d’amplifier la résistance contre ce processus législatif délétère. Une pétition au statut officiel a été déposée sur le site de l’Assemblée nationale. Chaque signature pèse dans le débat ! Le texte de loi doit bientôt être discuté au Sénat : chacun peut s’adresser aux sénateurs de son département pour leur demander de le rejeter sans compromis et de promouvoir au contraire une société de la sollicitude. D’autres actions sont proposées, en particulier par l’association Alliance VITA, dont l’expertise est reconnue des pouvoirs publics.
MOBILISONS-NOUS MAINTENANT ! Dans quelques mois il sera trop tard.
Invoquons l’Esprit de vérité et de force, afin d’oser regarder en face la gravité de ces enjeux et de nous lever pour éviter à la France de sombrer pour longtemps dans un tel malheur. Ce sera notre fierté, quoiqu’il arrive.
Commentaires récents