C’est avec une grande tristesse que nous avons appris le décès du père Jean Landier.
Ses obsèques se sont déroulées lundi 18 août dans son village natal de Saussan.
Nous souhaitions vous partager certains témoignages ainsi que l’homélie du Père Claude André.

Saussan, le 18 août 2025
Homélie du Père Claude André pour le Père Jean Landier
Chers amis, frères et sœurs, les 4 témoignages que nous avons écoutés résument bien la vie et l’engagement de notre Frère Jean.
Je vais les reprendre à la lumière de la Parole de Dieu choisie pour ses obsèques.
Ce matin, dans l’église de Saussan : St Jean–Baptiste où il a été Baptisé, au lendemain de la fête de l’Assomption de Marie, de la fête de Saint Roch, le Père Jean Landier, notre frère Jean , a fini son mandat, sa mission terrestre à l’âge de 82 ans pour la continuer dans le Royaume où le Seigneur lui a préparé une place.
Jean… Mon ami d’enfance
Il est difficile de résumer en quelques mots plus de 70 ans d’amitié.
Les mots qui me viennent en pensant à toi sont: ouverture, générosité, authenticité, bienveillance.
Dès nos années collège chez les pères jésuites tu manifestais déjà, toujours avec grande discrétion, droiture et sens moral. Nos amis communs ici présents Georges, Bernard, Jean Claude peuvent en témoigner.
Plus tard au cours de nos nombreuses rencontres amicales lorsque nous t’interrogions, parfois en te taquinant, sur tel ou tel aspect de la foi ou de l’église, tes réponses toujours bien réfléchies n’étaient jamais formatées, jamais dogmatiques, elles nous étonnaient par ton ouverture d’esprit et ton souci de ne laisser personne sur le chemin.
Ainsi tu témoignais en 2016 lors de tes 50 ans de prêtrise à Clermont l’Hérault, je cite: «Tout en essayant de vivre cet amour de Jésus et de l’Église, j’ai eu à découvrir que les dons de Dieu dépassaient infiniment les frontières de l’église visible…Pas un humain ne vient en ce monde sans qu’on lui donne une vocation, sans que Dieu l’appelle à vivre quelque chose de beau» et tu te réjouissais que le concile de Vatican II affirmait que «l’Esprit travaille au cœur de chacun, baptisé ou non…de telle sorte que chacun peut être associé à l’espérance que nous donne la Pâque de Jésus» et tu poursuivait en exhortant chacun de nous à «savoir repérer et rendre grâce pour tout effort de réconciliation, tout engagement dans le sens de la justice, tout service désintéressé, d’où qu’il vienne» Tu ajoutais enfin de manière un peu provocatrice mais courageuse: «Grâce à Dieu, l’Église n’a pas le monopole de la fraternité ni de l’Esprit Saint»
Ces 15 dernières années tu avais souhaité m’associer à la préparation et à l’enregistrement d’émissions sur l’antenne de RCF radio Maguelone, émissions sur les livres de la bible, les dernières, il y a à peine 6 mois, portant sur les psaumes.
Tu faisais preuve d’ exigence dans ta recherche des sources et d’une grande rigueur dans les diverses manières de traduire tel ou tel texte.
Mais tu faisais en sorte que ta grande érudition soit mise à la portée de tous en recherchant comment nous pouvions au XXIème siècle vivre selon ces écrits.
Il arrivait parfois que des préoccupations très matérielles viennent écourter nos séances, l’un des migrants que tu logeais chez toi t’appelait pour te demander de régler un problème de transport ou de clé.
L’exégète que tu étais se transformait alors en grand frère. De la compréhension de textes bibliques tu passais très simplement à l’attention concrète portée aux plus démunis montrant ainsi que la foi doit être vécue au quotidien. Tu avais prononcé la phrase suivante «L’approche de la bible elle-même peut devenir un exercice de style si elle n’est pas lumière sur le quotidien» Ta belle bibliothèque était celle d’un érudit, ton comportement celui d’un compagnon des plus pauvres, d’un artisan de la paix.
Ta vie restera un exemple illustrant la parole d’évangile «Ce que vous faites au plus petit d’entre les miens c’est à moi que vous le faites»
Il y a 4 mois, Jean, tu présidais à Saint Christol aux cérémonies d’adieu à mon épouse Michèle. Michèle disait souvent de toi «Jean…. c’est un Saint Homme»
Je sais que dans cette assemblée nous sommes nombreux à le penser aussi
A bientôt Jean
Le père Jean, comme on l’appelait au Collectif Migrant Bienvenue 34, était une figure pour toutes les personnes qu’il côtoyait, avec sa sincérité et son dévouement hors du commun.
Que ce soit auprès des bénévoles engagés dans l’accueil mais surtout auprès de celles et ceux qui ont pu trouver refuge dans cette région qu’il aimait tant.
Lui, qui avait la chance d’officier sur sa terre natale, était capable de ressentir le poids du déracinement. Lui qui était entouré de sa famille, de ses amis, des personnes engagées avec lui, percevait le drame de la solitude et de l’isolement.
Ouvert, toujours à l’écoute, accueillant jusque dans la réalité de son quotidien.
Ne s’économisant pas au service de dieu et des hommes.
Le père Jean était, pour ceux qui avaient tout perdu, tout quitté, , une oreille attentive, une voix réconfortante, un toit pour la nuit, un cœur sensible, un sourire complice, un geste tendre, une main tendue, un père aimé et respecté, le père Jean.
Le père Jean traitait chacun comme un “prochain”, cela indépendamment de sa foi, de son origine, de son état psychologique, de son parcours chaotique.
Il n’exprimait pas de jugement, pas d’a priori, ne faisait pas de différences.
Sa tête penchée sur le côté, il vous faisait signe qu’il était tout à l’écoute… “Dites-moi…”
Cette cérémonie est l’occasion de lui dire, une dernière fois, ce que l’on ressent, la tristesse et la gratitude, à quel point il a compté pour nous : religieux ou laïques, croyants ou doutant, chrétiens ou musulmans, d’ici ou d’ailleurs, réunis ou isolés, tous égaux selon la loi de dieu et les droits du cœur…
Père Jean, les nombreux témoins de votre action sur terre, ne cessent d’échanger depuis votre départ. Tout le monde n’a pas pu venir aujourd’hui, mais tous sont de tout cœur avec vous.
Que nous soyons toutes et tous vos dignes successeurs. Que malgré l’absence de celui que tout le monde réuni ici regrette, votre force spirituelle continue de nous porter.
Père Jean nous garderons le souvenir heureux de votre probité, de votre charité, de votre sagesse. Puisse votre exemple nous encourager pour ce qui nous reste à vivre.
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