Le père Lucas Lambert, Délégué diocésain au dialogue interreligieux, nous explique les fêtes juives d’automne.
La période des fêtes juives d’automne approche.
Elle est marquée notamment par le Nouvel An Juif (Roch Hachana, 23-24 septembre), puis le Jour du Grand Pardon (Yom Kippour, 1er et 2 octobre), et Soukkot ou fête des Tentes (du 6 au 15 octobre). C’est l’occasion pour nous, Chrétiens, de nous rappeler le lien spirituel fort et unique qui nous unit au peuple juif.
Ce lien dont parle Nostra Aetate (déclaration du concile Vatican II sur les relations de l’Eglise avec les religions non chrétiennes) : « Scrutant le mystère de l’Église, le saint Concile rappelle le lien qui relie spirituellement le peuple du Nouveau Testament à la lignée d’Abraham. »
Dans le but de resserrer nos liens avec le peuple juif, le Service des Relations avec les Judaïsme de la Conférence des Evêques de France et la Fédération protestante de France (c’est donc une démarche œcuménique) proposent chaque année des affiches et des cartes de vœux à destination des chrétiens.
C’est une belle occasion de manifester à la communauté juive notre amitié par la prière et par un geste très concret, comme l’envoi d’une carte de vœux, en particulier en cette période de regain de l’antisémitisme (dans la nuit du 16 au 17 septembre 2025, la synagogue de Sète a subi des dégradations).
Roch Hachana
La tradition juive attribue à Roch Hachana (le 1er du mois hébraïque de Tichri) plusieurs significations :
- C’est d’abord le jour du jugement, où Dieu considère et pèse les actes de chacun.
- C’est aussi le jour où l’on célèbre l’anniversaire de la création du monde et de l’homme.
- C’est enfin le jour où, depuis l’époque talmudique, on commémore le « sacrifice » d’Isaac, afin que ce dernier intercède auprès de Dieu en faveur de ses descendants.
Entre le 1er et le 10e jour de Tichri, se déroulent les « jours redoutables » (yamim nora’im), pendant lesquels le jugement de Dieu, inscrit sur le livre de Vie à Roch Hachana, est suspendu pour permettre à l’homme de se repentir de ses fautes.
Ce sont des jours marqués par la crainte de Dieu, c’est-à-dire la conscience de sa transcendance et de la nécessité pour chaque croyant de se réconcilier avec son prochain, Dieu ne pouvant pardonner que les offenses commises envers lui. La Torah orale ne sépare jamais la crainte de l’amour. Dans la relation de l’homme à Dieu, l’amour ne peut pas aller sans la crainte.
Les rites
- Le chofar :
- La sonnerie du chofar ouvre et clôt la période de pénitence, depuis le premier jour de Roch Hachana jusqu’au soir de Kippour (le 10 du mois de Tichri). Le chofar doit être une corne de bélier en souvenir de l’animal qui a été immolé à la place d’Isaac. Dieu sauve à cause du mérite des patriarches, en particulier d’Isaac qui aurait demandé à son père de le lier.
- Le geste du tachlikh (dans certaines traditions) :
- A la fin du 2e jour de Roch Hachana, à l’issue de Minha (office de l’après-midi), on jette symboliquement ses péchés à la mer ou dans une rivière en y vidant ses poches.
- Comme pour le shabbat et les jours de fête, il y a un office supplémentaire du nom de moussaf.
La prière la plus connue est le Aleinou qui chante la gloire de Dieu. Ainsi, au premier paragraphe : « Le siège de sa gloire est au ciel, en haut, et sa puissance réside au plus haut des hauteurs ».
Il est possible que Jésus ait connu cette prière car, pour les historiens de la liturgie, elle remonte à la période du Second Temple (Joseph Heinemann).
A Roch Hachana, il est traditionnel d’accompagner les aliments que l’on consomme d’un vœu symbolique. Ainsi :
- Une pomme trempée dans du miel, accompagnée par le souhait : « que ta volonté soit, Seigneur, que se renouvelle pour nous une bonne et douce année ».
- Des dattes, accompagnées par : « que nous soyons droits comme un dattier ».
- Une grenade, accompagnée par : « que nos mérites soient nombreux comme les grains de la grenade ».
- Des blettes (en hébreu selek qui veut dire aussi « disparaître »), accompagnées par : « que disparaissent nos ennemis et tentateurs » etc.
Les coutumes varient selon les communautés.
Yom kippour ou grand pardon
C’est le jour le plus solennel du calendrier juif, caractérisé par 25 heures de jeûne et de prière à la synagogue, où toute la communauté est réunie pour faire aveu de ses fautes envers Dieu. Le soir les portes de la miséricorde s’ouvrent : vous êtes pardonnés.
Soukkot ou fête des Tentes (ou Huttes, ou Cabanes)
C’est une des trois fêtes de pèlerinage où les enfants d’Israël montaient à Jérusalem pour chanter et louer Dieu ; à Soukkot ils font mémoire des quarante années passées au désert, avec pour seule protection la nuée divine qui les conduisait.
Soukkot est une marche vers la plénitude du salut pour toutes les nations et de la bénédiction qui sera accordée au 7ème jour de Soukkot, à Hochana Rabba : un jour, toute l’humanité se retrouvera à Jérusalem et reconnaîtra la souveraineté d’un seul Dieu. C’est une vraie fête messianique !
La soukka, la cabane, est petite, fragile, éphémère, laissant passer la lumière du ciel. Y habiter c’est se réfugier dans les bras de Dieu, goûtant tout son amour, comme sous la nuée au désert. On agite le loulav est un bouquet de quatre espèces : cédrat, palmier, myrte et saule, représentant toutes les sortes de juifs ! Tenues bien ensemble et agitées en chantant psaumes et hymnes de louange, ces quatre plantes signifient l’unité du peuple juif, chacun prenant conscience de sa responsabilité qui le relie à l’autre.
Simhat Torah, la joie de la Torah, cette année le 15 octobre, clôt et ouvre le cycle annuel de lecture de la Torah. C’est un jour marqué par la joie, les danses, les chants et les processions autour des rouleaux de la Torah, tous sortis de l’Arche Sainte, et portés par les fidèles. On lit la dernière section du livre du Deutéronome (Dt 33,1 – 34,12) qui conclut le cycle annuel de lecture.
Et aussitôt, on commence un nouveau cycle de lecture avec les premiers versets de la Genèse (Gn 1,1 – 2,3).
Lucas Lambert, Délégué diocésain au dialogue interreligieux


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