“C’est un jour de joie pour le diocèse de Montpellier car l’un de ses fils est reconnu bienheureux et donné en exemple à l’Eglise entière (…) Avec Saint Roch, qui vécut un peu plus tard, ce sont deux belles figures de la charité exercée au nom du Christ qui honorent notre ville.”
C’est ainsi que le père Michel Plagniol, entouré du chapitre de la cathédrale Saint-Pierre, a ouvert, vendredi 7 février, la messe d’action de grâce honorant le bienheureux Guy de Montpellier.
Retrouvons son homélie.
“Qui est mon prochain ?”
Evangile du Bon samaritain Luc 10,25-37
La question du docteur de la Loi posée au Seigneur Jésus est certainement au coeur de l’intuition de Guy de Montpellier dans son acte de fondation et dans toute son oeuvre.
Elle est aussi une question d’actualité alors que de nombreux débats agitent la société sur les questions de la misère sociale.
En le béatifiant, le pape François donne à l’Eglise entière et à l’humanité, l’exemple à contempler d’un Montpelliérain qui vécut à la charnière du XIIème et du XIIIème siècle.
Vous me direz : mais c’est une époque lointaine, le monde a tellement changé depuis ! Pourquoi exhumer de l’histoire, ce personnage maintenant ?
Le pape François, dans l’annonce de la béatification dit : “Nous croyons que le moment est venu où il doit être présenté d’une manière particulière à l’Eglise de Dieu, à laquelle il continue de s’adresser par sa foi et ses oeuvres.”
Oui, le monde a changé, mais la nature humaine reste la même, l’Evangile reste le même, la puissance de l’appel du Seigneur reste la même ; et le témoignage donné par ce Montpelliérain du moyen-âge garde toute sa pertinence pour nous aujourd’hui.
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Le bienheureux Guy s’est laissé toucher par la misère qui envahissait les faubourgs et les rues de la ville en pleine expansion.
Comme d’autres à son époque, il a voulu fonder un ordre de frères hospitaliers entièrement dévoués à l’exercice de la charité. Et d’une charité ouverte à tous et pleine de souplesse, pour s’adapter aux besoins des pauvres. Nous savons que le bienheureux Guy demandait à ses confrères de ne pas se contenter d’accueillir les pauvres et les malades qui frappaient à la porte de l’hôpital du Saint-Esprit près de la porte du Pila Saint-Gély, mais qu’il leur demandait d’aller dans les rues de la ville, pour aller à la recherche et à la rencontre de tous ceux qui n’avaient pas la force ou la volonté de venir jusqu’à l’hôpital.
A travers les siècles, dans toutes les générations de catholiques, des hommes et des femmes ont eu le souci d’aller au-delà des limites de l’Eglise, à la rencontre de ceux et celles, qui, comme dans l’Evangile du bon samaritain, étaient blessés, abandonnés au bord du chemin.
C’est l’appel lancé par Saint Jean-Paul II pour le jubilé de l’an 2000 “Duc in altum” “Avancez en eau profonde” ; c’est aussi l’invitation de notre évêque, qui dans sa lettre pastorale insiste sur l’hospitalité et la fraternité.
“Qui est mon prochain ?”. C’est celui que la providence me donne de croiser, celui qui attend de moi un geste de charité ou une parole de miséricorde.
Cette parabole nous remet en question chaque fois que nous la méditons sur notre aptitude à ne pas choisir ceux qui seront pour moi des frères ou des soeurs.
Le bienheureux Guy de Montpellier a fondé une oeuvre de miséricorde ouverte à tous : aux pauvres, aux malades, aux enfants abandonnés, aux prostituées,…
Dans l’esprit de sa fondation, ses priorités étaient la pauvreté, l’humilité et la volonté d’adapter la charité aux besoins. Avec ses frères il prenait soin des personnes autant dans leur âme que dans leurs soins physiques.
Comme l’a dit le pape François dans son Motu Proprio de béatification “Il était enflammé de foi, ardent de charité, pieux et aimant les pauvres au point de les honorer comme des maîtres, de les vénérer comme des patrons, de les aimer comme des frères, de les soigner comme des fils et enfin de les vénérer comme l’image du Christ“.
Au moment où le monde passait du XIIème au XIIIème siècle, le pape Innocent III, impressionné par l’oeuvre du montpelliérain, lui accorde son soutien et lui confie l’hôpital qu’il avait lui-même fondé à Rome.
Son oeuvre s’est répandue et développée bien plus ailleurs qu’ici, à Montpellier, en particulier en Pologne, où, aujourd’hui encore, elle continue de porter de nombreux et beaux fruits.
Dans sa ville natale, l’ordre qu’il a fondé n’existe plus. L’hôpital qui se trouvait aux pieds de l’actuel palais des congrès “Le Corum” a disparu lui aussi ; nous n’en avons conservé que des vestiges qui ont été déplacés de quelques mètres au moment de la construction du Corum.
Mais tout juste à côté, se trouve une belle oeuvre née pour le jubilé de l’an 2000. La Halte Solidarité, qui associe sur le même lieu les bénévoles du secours catholique, des conférences Saint-Vincent de Paul et l’association Santé Solidarité ; un lieu où, d’une certaine façon, se poursuit aujourd’hui ce que fut l’oeuvre du bienheureux Guy de Montpellier.
Il est certain qu’en apprenant à mieux connaitre ce fils des Guilhem, seigneurs de Montpellier, ceux et celles qui se dévouent en ce lieu magnifique seront encouragés dans leur foi et leur charité envers tous.
Plus largement, tous les fidèles engagés dans les paroisses, dans les aumôneries d’hôpitaux, au Service Evangélique des Malades, dans des associations caritatives, pourront trouver dans l’exemple et le témoignage que nous laisse le bienheureux Guy, une source d’inspiration.
En rendant grâce à Dieu ce soir, nous les confions toutes et tous, à son intercession pleine de bonté et de miséricorde.
Bienheureux Guy de Montpellier priez pour nous !
Amen
Père Michel Plagniol
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