“Frères et sœurs,
En ce dimanche, nous sommes rassemblés dans l’action de grâce.
Il y a cent ans naissait à Montpellier l’Hospitalité Saint-Roch, une fraternité de service, de foi et de tendresse, au cœur de l’Église.
Cent ans de pèlerinages, d’accompagnements, de gestes simples et précieux auprès des malades. Cent ans de fidélité à l’Évangile de la compassion.
Aujourd’hui, nous voulons dire merci. Merci à celles et ceux qui ont porté cette mission, et à ceux qui la poursuivent avec joie. Merci aux malades, qui sont nos maîtres spirituels. Merci au Seigneur qui, dans chaque rencontre, révèle sa présence.
Avec Marie, Notre-Dame de Lourdes, avec saint Roch, protecteur des malades et des soignants, entrons dans cette célébration avec un cœur habité par la gratitude et la louange.”

C’est par ces mots, que Mgr Norbert Turini a accueilli les fidèles présents en nombre à la cathédrale Saint-Pierre ce dimanche, venus fêter le centenaire de l’Hospitalité Saint-Roch.

Homélie du père évêque

Centenaire de l’Hospitalité Saint-Roch

Dimanche 25 mai 2025

Cathédrale Saint-Pierre de Montpellier

Frères et sœurs,

Ce matin, notre prière est remplie de gratitude et de mémoire. Cent ans !
Cent ans de service, de foi en marche, d’hospitalité vécue au ras du quotidien.
Cent ans d’histoires tissées entre des cœurs qui se donnent et d’autres qui accueillent dans les deux sens : Hospitaliers et malades, malades et hospitaliers
Cent ans de cette belle aventure humaine et spirituelle qu’est l’Hospitalité Saint-Roch de Montpellier.
Et si nous fêtons ce centenaire, ce n’est pas pour regarder en arrière comme on feuillette un album de souvenirs.
C’est pour dire merci à Dieu, parce qu’à travers toutes ces mains tendues, ces gestes humbles, cet accompagnement des sœurs et frères malades, ces soins discrets, c’est Dieu qui passe.

Ce que vous vivez, chers hospitaliers, est une école de l’Évangile.
Vous avez choisi de servir.
Non pas par devoir, mais par amour.
Vous vous êtes faits proches des malades, compagnons de ceux que le monde oublie trop souvent. Et c’est là, justement, que l’Évangile prend chair.

N’est-ce pas en profondeur ce que vivait Saint Roch, votre saint patron ? Il a quitté les routes de la réussite sociale pour prendre le chemin des malades, des rejetés. Il a partagé leur sort, il a pris leurs plaies sur lui. Non par héroïsme, mais par amour. Par obéissance à cet Évangile qui nous pousse à descendre, à servir, à nous faire frères. Saint Roch n’a pas été un thaumaturge spectaculaire. Il a été un frère en humanité, un compagnon de douleur. Et il s’est fait pèlerin d’Espérance.

Aujourd’hui, Jésus nous dit : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole… Mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. »

Faire une demeure… Voilà ce que vous faites, inlassablement.
Vous créez autour de chaque malade un espace d’humanité, d’attention, de tendresse.
Vous leur dites, sans discours : « Tu as du prix à mes yeux ». Et dans cette demeure, dans cet espace que vous préparez, Dieu habite.

Mais permettez-moi d’ajouter une chose que vous vivez profondément : vous n’êtes pas les seuls à donner. Bien souvent, ce sont les malades eux-mêmes qui vous enseignent le plus. Ils sont les maîtres du pèlerinage, ses témoins les plus profonds. Car ils vivent ce que nous avons du mal à apprendre et à comprendre : la confiance, le dépouillement, l’abandon, l’offrande silencieuse de la souffrance, la patience dans l’épreuve, la capacité de sourire malgré la douleur. Et parfois même, ils vous évangélisent sans parole, sans discours, simplement par leur vie.

Vous partez pour les accompagner à Lourdes, et c’est vous qui revenez transformés. Leur foi nue, leur espérance tenace, leur dignité fragile vous remettent devant l’essentiel : la valeur la beauté de la vie.

L’Hospitalité St Roch est un chemin à deux sens.
Vous donnez, et vous recevez.
Vous soutenez, et vous êtes relevés.
Vous conduisez, et vous êtes guidés.

L’Apocalypse nous parlait d’une Jérusalem céleste éclairée par la gloire de Dieu.

C’est cette lumière que vous avez vue briller mille fois dans les yeux d’un pèlerin malade, au détour d’un geste, d’une parole, d’une onction, d’un bain à la piscine, d’une procession, d’une célébration, d’une veillée. Car Lourdes… parlons-en. Lourdes est notre maison commune. Elle est ce sanctuaire où tout bascule : les faibles deviennent les plus forts, les derniers deviennent premiers, et Marie devient notre éducatrice.

Notre-Dame de Lourdes, douce et forte, silencieuse et fidèle, vous apprend à regarder comme elle. À porter les fardeaux sans bruit. À prier dans le secret. À espérer contre toute espérance.
Marie ne fait pas de longs discours.
Elle se tient là.

Et c’est souvent ce que vous faites : vous vous tenez là, présents, attentionnés, priants.
Vous tenez la main.
Vous poussez un fauteuil.
Vous veillez la nuit.
Et dans ce service silencieux, vous entrez dans le cœur de Dieu.

Alors aujourd’hui, au nom de l’Église, je veux vous dire merci. Merci à vous les aînés qui avez transmis la flamme. Merci à vous les jeunes, qui découvrez ce trésor. Merci à nos sœurs et frères malades, qui sont l’âme vivante de nos pèlerinages, nos frères, nos sœurs, nos maîtres.
Et merci à toi, Marie, Notre-Dame de Lourdes, Toi qui nous enseignes le silence qui console, Toi qui nous apprends à marcher avec les petits, Toi qui as regardé Bernadette comme Dieu nous regarde : avec tendresse.
Apprends-nous, encore et toujours, à servir avec joie, à espérer avec confiance et à aimer jusqu’au bout.

Amen.

Crédit Photos : Eva Tisseyre