Comme chaque année, le colloque Éthique et Conscience nous a proposé des pistes de réflexion indispensables à nos pratiques de visiteurs de malades, d’Aumoniers en hôpital, et tout simplement de chrétiens engagés et responsables.

Cette année, le thème particulièrement délicat de : « La conscience : liberté, clause, objection”, nous a permis, grâce aux interventions de juriste, philosophe, praticien, aumônier et bibliste, de nous réajuster face à des questions cruciales de notre temps.

En entendant que la conscience morale n’est pas une opinion, ou que tout ce qui n’est pas fait par conviction est péché, nous sommes remis face à nos choix dans des situations délicates : quand s’arrête le soin par exemple, où commence l’obstination déraisonnable ? Comment répondons-nous au besoin de réconfort et d’humanité d’un malade gravement atteint ou d’une personne âgée au bout de sa vie ?

Colloque indispensable pour débattre tous ensemble de ces multiples questions éthiques qui ne sauraient trouver de réponses trop simples et expéditives …”

Claire Combes

REGARD DE DEUX INTERVENANTS SUR CE COLLOQUE !

« Conscience ! Conscience ! instinct divin, immortelle et céleste voix ; guide assuré d’un être ignorant et borné, mais intelligent et libre ; juge infaillible du bien et du mal, qui rends l’homme semblable à Dieu !» nous dit Jean-Jacques Rousseau dans la Profession de foi du Vicaire savoyard. Et, du point de vue catholique, Saint John-Henry Newman approfondit dans sa Lettre au Duc de Norfolk la place de la conscience face à toute autorité qui prétendrait la dominer, fût-elle pontificale : « La conscience n’est pas un égoïsme calculé, ni une logique du moi. Elle est messagère de Celui qui, dans le monde de la nature comme dans celui de la grâce, nous parle à travers le voile, nous instruit et nous gouverne, par ses représentants. La conscience est le premier de tous les vicaires du Christ. Elle est le prophète qui nous révèle la vérité, le roi qui nous impose ses ordres, le prêtre qui nous blâme ou nous bénit. La conscience est un messager de Dieu, qui nous parle derrière un voile et nous enseigne […] Si je dois porter un toast à la religion – je lèverai mon verre à la conscience d’abord et au Pape ensuite. »

Ce primat de la conscience peut se heurter à la loi, ou de façon plus insidieuse, à l’opinion, aux puissances économiques ou médiatiques. Si dans une société libre et respectueuse de l’humanité de tous ses membres un espace est laissé au libre exercice de la conscience, qui peut prendre la forme d’une « clause » face à ce que veut imposer une supposée majorité, tous peuvent avoir un jour ou l’autre à poser une objection ferme à collaborer à un acte que leur conscience réprouve. Mais le primat de la conscience peut aussi être mis à l’épreuve fréquemment chez chacun d’entre nous et notamment chez les soignants dans des situations inextricables où s’affrontent impératifs scientifiques, familiaux, affectifs, culturels…Il requiert de la lucidité, de la rationalité, de l’humilité et une juste empathie, mais aussi de l’énergie et parfois de l’héroïsme.

Ce sont les différentes dimensions pratiques de la conscience que ce colloque Ethique et conscience 2025 propose d’explorer. Le juriste Jean-Marie Carbasse, historien du droit traitera de « La clause de conscience : quelle place dans la hiérarchie des normes ? » puis le philosophe Jacques Ricot creusera l’idée : « La conscience morale n’est pas une opinion ». Des cas cliniques seront ensuite présentés, de soignants (P.F. Perrigault, réanimateur et A. Blain, gériatre) puis un cas pastoral par l’Aumônerie des hôpitaux. Le P. Patrick Bonafé conclura par une méditation sur « Tout ce qui ne se fait pas par conviction (de Foi) est péché » (Romains 14,23).

Ce colloque, qui devient une habitude fructueuse de rencontre annuelle organisée par la Pastorale de la santé se veut largement ouvert à tous ceux qui réfléchissent sur le soin dans ses dimensions éthiques pratiques.

T. Lavabre et O. Jonquet