Histoire et patrimoine du diocèse de Montpellier
Renseignements divers à télécharger
Le territoire du diocèse de Montpellier est celui du département de l’Hérault. Le département, adossé au Nord aux Cévennes, descend insensiblement, par paliers successifs, vers la mer Méditerranée.
Bientôt, à la Pax Romana qui marquera profondément notre région, succèdent les invasions. Elles vont se dérouler pendant plusieurs siècles. Les premières ne font que traverser le pays. Au Ve siècle, les Wisigoths ariens venant d’Espagne envahissent la Narbonnaise, ils y demeurèrent près de 300 ans. Ils créèrent la Septimanie. C’est sous leur domination parfois bienveillante qu’a lieu en 506 le célèbre Concile d’Agde présidé par saint Césaire d’Arles. Ce Concile est précieux non seulement par les décisions disciplinaires prises, mais il l’est aussi par la présence de 35 évêques et des représentants de 10 autres. De tels chiffres soulignent l’existence dans notre région d’un christianisme vivant dès le Vle siècle.
Au VIlle siècle, les Arabes s’établissent dans le pays. Béziers tombe en leurs mains (725). Charles Martel (737), après la victoire de Poitiers, pour éviter leur retour détruit plusieurs villes du littoral et notamment Maguelone.
Maguelone, depuis au moins le VIe siècle est siège d’un évêché. Ayant été cédée au Saint-Siège par Pierre, Comte de Malgueil (1035), Maguelone devient terre papale. Au Xle et Xlle siècles, quatre Souverains Pontifes viennent la visiter ou s’y réfugier.
Au cours de cette même période se fondent, à travers le diocèse, de nombreux monastères : Saint-Chinian, Saint-Thibéry, Villemagne, Saint-Pons-de-Thomières, Saint-Guilhem-le-Désert. La création de ce dernier est due à un compagnon de Charlemagne, Guillaume d’Aquitaine dit Guillaume au court nez. L’insigne relique de la Vraie Croix qu’il possède est lieu de pèlerinage pour les pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle. A côté de Saint-Guilhem, Aniane dont le fondateur Saint Benoît d’Aniane est justement célèbre comme réformateur de l’ordre bénédictin. Saint Fulcran (Xle siècle) évêque de Lodève pendant 57 ans fut pour ses ouailles, le bon Pasteur. Son souvenir demeure toujours vivace à notre époque. Il demeure toujours le Père dans la Foi du Lodévois. Chaque jour depuis sa mort, après l’Angélus du soir, sonne le glas de saint Fulcran pour rappeler la mort de ce grand Evêque.
Maguelone détruite par Charles Martel, razziée fréquemment par les Arabes, voit son évêque et ses chanoines se retirer à l’intérieur des terres à Substantion, près de Castelnau-le-Lez, pendant trois siècles.
Arnaud, le grand Arnaud, évêque de Maguelone décide le retour à Maguelone (Xlle siècle). Il restaure le port, il construit la Cathédrale Saint-Pierre. La masse imposante de cette dernière se dresse encore, au bord de la mer, dans un cadre unique. Pendant quatre siècles encore, Maguelone va reprendre vie.
Montpellier n’était qu’une modeste bourgade à l’époque carolingienne. Sa croissance rapide à partir du Xle siècle, sa réunion avec sa jumelle Montpelliéret au XIVe siècle, invite les évêques de Maguelone à venir y séjourner de plus en plus fréquemment. Le transfert du siège de Maguelone à Montpellier (1536) porte à Maguelone un coup fatal.
Montpellier, ville savante, marchande, avec son port de mer de Lattes, entretient un fructueux commerce avec le Proche-Orient. Elle voit les pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle faire étape auprès de son sanctuaire de Notre-Dame-des-Tables pour vénérer la “Majesté Antique”.
Au Xllle siècle, le développement universitaire à Montpellier est tel que Nicolas IV (1289) établit un Studium Generalis (droit civil et canonique, médecine, arts). Cet acte accorda à l’université de Montpellier un rang égal aux célèbres universités de Bologne et de Paris. L’évêque de Maguelone en est le recteur. Le Bienheureux Urbain V, un de ses professeurs devenu Pape, en devient un bienfaiteur insigne, il crée deux collèges pour les étudiants. L’un d’eux est réservé aux moines bénédictins, il vient lui-même (1367) consacrer l’autel de la chapelle de ce collège, chapelle qui deviendra église cathédrale lors du transfert du siège de Maguelone à Montpellier (1536).
L’hérésie albigeoise (Cathares), au Xllle siècle, va secouer durement notre région. Le meurtre du légat du Pape, le Bienheureux Pierre de Castelnau, sur les bords du Rhône est le point de départ de la Croisade contre les Albigeois. Cette répression menée par les soldats de Simon de Montfort est la source de nombreux troubles. Le vicomte de Béziers, Raymond de Trencavel, solidaire du Comte de Toulouse, essaie vainement de défendre sa ville contre les croisés. Cette résistance désespérée aboutit au terrible massacre des biterrois réfugiés dans l’église Sainte-Madeleine.
Les guerres de religion entre catholiques et protestants apportent trois siècles plus tard de nouvelles discordes.
Pendant près de 60 ans, de 1560 à 1622, ce n’est qu’une succession de luttes fratricides.
La paix revenue, de nombreuses ruines couvraient les cinq diocèses; tout est à reconstruire. Que de blessures à panser, que de misères à soulager. Ce sera l’oeuvre des Evêques du XVIIe et du XVIIIe siècles. Cet effort de restauration sera encore troublé pendant plusieurs années après la Révocation de l’Edit de Nantes (1685), par la guerre des Camisards, protestants des Cévennes. La création du port de Sète (1666), la construction du Canal du Midi (1716), apportent à notre région un développement économique important. Le XVIIIe siècle devient une ère de prospérité. Les derniers Evêques jettent comme un dernier éclat sur une page d’histoire religieuse qui s’achève.
C’est par exemple Mgr de Nicolaï, évêque de Béziers refusant d’être évêque du département de l’Hérault et préférant l’exil ; Mgr de Saint-Simon, évêque d’Agde, mourant sur l’échafaud à Paris ; Mgr de Malide, évêque de Montpellier, mort en exil en 1812 à Londres ; Mgr de Fumel, évêque de Lodève mort à la veille de la Révolution.