Spectateurs !
Réalisateur : Arnaud Desplechin
Nationalité : France
Distribution : Mathieu Amalric, Françoise Lebrun, Milo Machado Graner, Clément Hervieux-Léger, Salif Cissé.
Durée : 1h28 mn
Sortie : 15 janvier 2025
Très souvent, les films d’Arnaud Desplechin racontent des épisodes de sa vie sentimentale et familiale. Avec Spectateurs! il analyse de manière très personnelle son amour pour le Cinéma.
Spectateurs!, malgré quelques scènes filmées avec des acteurs, apparaît comme un curieux documentaire foisonnant, une œuvre hybride entre essai de sociologie et tentative d’autoportrait biographique.
«Qu’est-ce que c’est, aller au cinéma ? Pourquoi y allons-nous depuis plus de 100 ans ? Je voulais célébrer les salles de cinéma, leurs magies. Aussi, j’ai suivi le chemin du jeune Paul Dédalus, comme le roman d’apprentissage d’un spectateur. Nous avons mêlé souvenirs, fiction, enquêtes… Un torrent d’images qui nous emporte».
Tels sont les mots d’Arnaud Desplechin pour décrire son nouveau film, qui a été sélectionné au Festival de Cannes 2024, en séance spéciale.
De l’enfance à l’âge adulte, le cinéma a toujours fait partie de la vie d’Arnaud Desplechin. Toute son œuvre regorge de références autobiographiques. Il suffit de songer à Paul Dedalus, son alter ego qui apparaît dans beaucoup de ses films et à travers lequel il présente des autoportraits intimes et profonds.
Pour Arnaud Desplechin, les films représentent à la fois l’émerveillement, le divertissement, la fantaisie, le plaisir de regarder les œuvres et de les apprécier. Mais ils sont aussi synonymes d’émotions, de moments de grâce, de pensées, d’ interrogations, de réflexions. Le cinéaste s’intéresse aux spectateurs, à leurs goûts, leurs envies.
Spectateurs! avance par chapitres et les genres s’entrelacent. La narration (le plus souvent avec un texte lu en voix-off) montre un montage de plusieurs extraits de films. Cette œuvre alterne entretiens avec des cinéphiles et des cinéastes, dévoile des souvenirs de jeunesse : du choix précis du rang et du siège où mieux s’asseoir dans une salle de cinéma, ou encore une rapide analyse du générique du début de Les 400 coups de François Truffaut.
Arnaud Desplechin se raconte en évoquant les films qui ont marqué sa vie, en dévoilant l’importance du cinéma à ses yeux : la définition du Cinéma avec un C, son passé et son avenir, l’essence de l’image. Il revit son propre chemin de spectateur à travers films, écrits et idées qui ont forgés sa cinéphile, sa vision et son travail. On parcourt les premières expérimentations techniques, L’arrivée d’un Train en Gare de la Ciotat, on y croise Hitchcock, Coppola, Abel Gance, Spielberg, Kurosawa, Orson Welles, … on débat autour de Godard, Cavell, Bazin…Pensons à Paul Dédalus et à ses collègues d’université discutant de Cavell et de Bazin avec une philosophe, dans un café. Au cours de cette scène Desplechin nous démontre que la réalité est projetée sur l’écran et que « la matière des films est la réalité en tant que telle » (Bazin). Le cinéma possède une dimension symbolique car il met en relation l’imaginaire d’un cinéaste avec le réel d’une part, et avec le spectateur d’autre part.
Le réalisateur montre des extraits de longs métrages qui appartiennent autant au patrimoine historique du septième art: Bergman, Truffaut, Lanzman que des films d’aventures ou d’actions. Il parle de cinéastes qui ont été fondamentaux dans son propre développement comme réalisateur, notamment Lanzman, avec la découverte du film Shoah qui a été un véritable choc pour Desplechin. Ce fut pour ce cinéaste la certitude que le cinéma est un moyen pour représenter l’indicible.
Et au milieu de tout cela, différents acteurs apparaissent pour de courtes saynètes réalisées spécifiquement pour le film. On y reconnaît Françoise Lebrun qui joue la grand-mère de Desplechin, Milo Machado Graner, Salif Cissé et le fidèle Mathieu Amalric.
Jean-Luc Godard écrivait « Le cinéma est amour de soi, amour de la vie, amour des hommes sur la terre… ». Comment ne pas tomber en admiration et en symbiose avec ce nouveau film d’Arnaud Desplechin ? C’est un film cadeau sur l’amour du cinéma. Par le biais d’une forme proche de l’essai, le réalisateur offre un récit initiatique qui éclaire sa vocation de cinéaste. Ce film est une exploration de la vie, du cinéma, du cinéma et de la vie. C’est à travers les paroles et les yeux de Paul Dédalus (incarné par quatre acteurs différents), son alter ego, qu’Arnaud Desplechin nous montre à quel point le cinéma est une fenêtre ouverte sur le monde, ce cinéma qui nous aide à vivre, ce cinéma qui nous invente et nous offre le monde en spectacle.
Spectateurs! est un hommage vibrant, impressionnant, à la fois au cinéma et aux spectateurs. Il y a ceux qui aiment être au plus près de l’écran, ceux qui préfèrent le fond de la salle. Il y a ceux qui aiment que le septième art soit un divertissement, ceux qui aiment analyser un film, ceux qui écrivent dans le noir sur un film. Il y a ceux qui vont occasionnellement au cinéma, ceux qui veulent voir plein de films et ceux qui retournent en voir un plusieurs fois, il y a ceux qui courent les festivals de cinéma…
Merci Monsieur Desplechin de nous montrer que le cinéma peut s’écrire avec un C, de nous faire découvrir différentes façons de voir un film et différentes façons de le vivre. Merci Monsieur Desplechin de rendre hommage aux artisans et artistes qui ont façonné/façonnent le cinéma et ont alimenté/alimentent la passion de milliers de cinéphiles, de nous expliquer comment les films laissent une trace dans nos mémoires et que des œuvres ont bercé/bercent nos imaginations.
Merci Monsieur Desplechin de nous avoir pris, nous spectateurs, par la main et nous avoir emmenés voyager à travers vos souvenirs cinématographiques.
Philippe Cabrol, Chrétiens et Cultures
L’espion de Dieu
L’homme qui contra Hitler, un héros en avant-première du Festival chrétien du cinéma
Dans le cadre de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, et en prélude à la 27ème édition du Festival chrétien du cinéma sur le thème « HÉROS », Chrétiens et Cultures, Pro-Fil et le Service diocésain de l’unité des chrétiens, vous proposent une avant-première, le mardi 14 janvier 2025 à 20h15, au cinéma Pathé-Gaumont Comédie de Montpellier, du film sur le Pasteur Dietrich Bonhoeffer : L’espion de Dieu. et le même film le dimanche 12 janvier 2025 à 17h, au cinéma Kinépolis Béziers, 316 centre commercial Polygone, 3 Carrefour de l’Hours, Béziers.
La projection du film sera suivie d’un débat sous forme de table-ronde avec un théologien protestant, un prêtre, un membre de Chrétiens et Cultures et un membre de Pro-Fil.
L’espion de Dieu est un film de Todd Komarnicki. Alors que le monde est au bord de l’anéantissement, le pasteur Dietrich Bonhoeffer est plongé au cœur d’un complot visant à éliminer Hitler. Peut-il assassiner un homme pour espérer en sauver des millions ? Sa vie et sa foi sont en jeu. Ce film est distribué en France par SAJE.
Dietrich Bonhoeffer était avant tout un théologien chrétien dont l’éthique de la paix s’est développée à partir de sa théologie. Ses réflexions sur la paix et la guerre ont continué à s’approfondir au fur et à mesure qu’il a été témoin des changements qui se produisaient dans son pays, dans sa société et même dans son Église.
Alors qu’Hitler accédait au pouvoir et que les atrocités nazies étaient connues, il devenait intenable pour un chrétien de ne rien faire.
L’action du Pasteur Dietrich Bonhoeffer, telle qu’elle est présentée dans ce film, soulève de nombreuses questions qui devraient permettre un débat passionnant, ainsi : doit-on rechercher à tout prix la paix au détriment de la vérité ? Peut-on pousser les autres à sacrifier leur vie pour un plus grand bien ? Comment Dietrich Bonhoeffer, pasteur luthérien, qui est allé jusqu’au martyre au nom de sa foi, a-t-il pu approuver un attentat-suicide contre Hitler, à l’encontre du commandement “Tu ne tueras point” ?
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