
Jeunes mères
Réalisateur(s) : Jean-Pierre et Luc Dardenne
Nationalité : France / Belgique
Distribution : BabetteVerbeek, Elsa Houben, JanaïaHalloy-Fokan Lucie Laruelle, Samia Hilmi, India Hair
Durée : 1h45 mn
Sortie : 2025
Avec Jeunes mères, les frères Dardenne signent leur première chronique sociale plurielle et lumineuse.
Ce long métrage de Jean-Pierre et Luc Dardenne a été présenté en compétition au Festival de Cannes. Et a obtenu le prix du scénario ainsi que le prix du jury œcuménique.
À l’origine, les frères Dardenne sont allés visiter une « maison maternelle » près de Liège, en Belgique. Leur but était d’écrire un scénario sur une jeune mère. Une fois sur place, les cinéastes ont été attirés par les moments de vie commune que partageaient ces adolescentes.
Dans ce long-métrage, nous découvrons l’histoire de Jessica, Perla, Julie, Ariane et Naïma hébergées dans une maison maternelle qui les aide dans leur vie de jeune mère. Ces adolescentes ont l’espoir de parvenir à une vie meilleure pour elles-mêmes et pour leur enfant.
Les histoires de ces jeunes filles diffèrent, mais dans tous les cas persiste la crainte d’un schéma familial répété. Toutes sont issues de familles où règnent la pauvreté (économique et intellectuelle), la violence (physique, morale et sexuelle), et l’addiction (alcool, drogue).
Mais si les erreurs peuvent se transmettre de génération en génération, rien n’est immuable, et le portrait de ces jeunes mères est là pour le prouver. Entre elles, il y a de la sororité qui se diffuse et de l’amour à partir de petits gestes. Le lien est primordial et il commence au centre d’accueil des jeunes mères, ces maisons dites « maternelles », véritable lieu d’apprentissage des gestes, enseignés par des éducatrices.
Le choix des histoires permet de diversifier les personnages et leurs enjeux. Certaines sont encore enceintes, d’autres ont déjà accouché. Entourées par des équipes médicales et des soignantes, elles doivent apprendre à s’occuper de leur bébé à travers l’apprentissage des gestes du quotidien afin de devenir mère à part entière, ou bien se préparer à le confier à l’adoption. Tout est organisé pour les protéger et les responsabiliser. Et elles sont dans une situation où cohabitent amour maternel, volonté de survie, sentiment de culpabilité. Et surtout, comment devenir mère alors que l’on est encore, soi-même, une enfant ?
Jessica n’a pas encore accouché et elle voudrait renouer des relations avec sa mère qui l’a abandonnée à sa naissance. Julie, au contraire, désirerait couper le cordon avec une mère envahissante et qu’elle veut éloigner de son bébé. Perla ne peut se sentir mère responsable que si elle entre dans un modèle familial traditionnel. Ariane craint de retomber dans les pièges de la drogue.
A travers Jeunes mères, Les frères Dardenne continuent à explorer la misère de notre société. Dans ce film choral, sont analysés la construction du lien d’attachement entre ces jeunes mères et leurs enfants, le rapport à autrui et notamment aux bébés déjà considérés comme une personne, la pauvreté, la reproduction de schémas familiaux dysfonctionnels, les conséquences engendrées par les carences affectives.
Jeunes mères est bien dans la droite lignée du cinéma des frères Dardenne : un film social, à la dimension humaniste forte où l’espoir est permis. Les deux cinéastes offrent aux personnages une vive réalité de leurs forces et leurs faiblesses. Ce sont des mères larguées peut-être, mais des mères humaines.
Jeunes Mères est un hommage à la force et la solidarité des femmes. Perla, Ariane, Julie, Jessica devront prendre une décision capitale pour la suite de leur vie : garder leur enfant ou le placer. Elles ont à réparer ou à construire quelque chose.
Avec cette œuvre, à l’émotion discrète, qui impressionne par sa maîtrise formelle, les Frères Dardenne nous offrent, dans un style épuré, une bouleversante ode à la résilience.
Pour le jury œcuménique, le film explore la première et essentielle relation de toute vie humaine : la maternité. Cela nous ramène à une vérité profonde : l’amour peut perdurer, même quand la famille est défaillante…Ce film nous révèle que même les petits gestes persistants d’affection et de soin … peuvent guérir les blessures les plus profondes.
Philippe Cabrol, Chrétiens et Cultures
Commentaires récents