Dimanche 11 mai, Jean-Marie Durand, délégué général des services pastoraux diocésains a accompagné les aumôniers des prisons au centre pénitentiaire de Villeneuve-Lès-Maguelone.
Il nous livre son témoignage.

Dimanche 11 mai, j’ai eu la joie d’accompagner les aumôniers à la prison de Villeneuve-lès-Maguelone, de vivre une belle célébration présidée par le père Luc Caraguel, et surtout d’y rencontrer le Christ. Une prison construite pour 685 places avec plus de 1.000 détenus masculins, en attente de jugement ou condamnés à des peines courtes par les autorités civiles, mais toujours appelés à cheminer vers le Père avec l’aide de l’Esprit Saint !
La journée avait bien commencé avec une belle balade champêtre sur les bords du Lez qui m’a donné l’occasion de voir une cigogne s’envoler à quelques mètres de moi. Ensuite, nous nous sommes retrouvés sur le parking du centre pénitentiaire, avant de pénétrer dans ce lieu très sécurisé. Être derrière les barreaux, même sans être en cellule, aurait vite été angoissant si je n’avais su que je sortirai un peu plus tard.
Nous sommes allés dans la salle où les différents cultes sont pratiqués, une belle salle avec des fresques au mur comme si nous étions sur la place d’un village. Une trentaine de détenus nous ont rejoints, à leur demande et après l’accord de l’administration pénitentiaire. Beaucoup se connaissaient et l’ambiance était très cordiale. Les thèmes des discussions étaient variés : les difficultés de cohabitation à deux dans une cellule de 8 m², la variété des peines selon les tribunaux pour une même faute, le cantinement qui permet aux détenus d’améliorer l’ordinaire lorsqu’ils ont eu un peu d’argent (personnel, par leur travail ou par des dons de leur famille)…
Les discussions ont aussi exprimé humanité et solidarité dans ces conditions difficiles de vie : « quand je suis arrivé dans cette cellule, mon nouveau codétenu, le quinzième en deux ans et demi, m’a offert son lit et est allé dormir sur le matelas posé au sol car je suis plus âgé que lui ». « Dans ma cellule, mon codétenu m’a spontanément partagé son cantinement car je n’avais pas d’argent ». « Il est footeux et pas moi, mais nous arrivons à gérer la télévision »…


A la question « comment va la santé ? », les langues se délient : « j’ai pris 2 grammes de doliprane en une fois ce matin. Je sais que c’est trop mais j’ai trop mal au dos » (sur mon conseil, il est allé boire abondamment). « La santé, ça va, mais la culpabilité est terrible » (Philippe passe en jugement prochainement et compte sur nos prières)…
Nous avons ensuite préparé la salle pour la messe avec, en particulier, la mise en place d’un autel à roulettes dont la façade s’ouvre sur un triptyque représentant Jésus-Christ porteur d’un agneau : un clin d’œil pour ce dimanche du Bon Pasteur ! Les aumôniers avaient imprimé une feuille avec les chants et les textes liturgiques du jour, en ayant eu la délicatesse de traduire les textes en géorgien, polonais et espagnol pour quelques détenus étrangers. Miguel Angel a joué de la guitare, suite à une autorisation exceptionnelle de l’administration pénitentiaire. Le père Luc a prononcé des paroles fortes et pédagogiques (par exemple, en comparant, pour les urbains, le pasteur et son troupeau à un capitaine et son équipe de rugby ou de foot). Presque tous ont activement participé. La paix du Christ s’est propagé comme je ne l’avais jamais vu ailleurs, chacun exprimant des gestes de fraternité à chaque autre. Après la communion, une dizaine de détenus sont restés à genoux devant la Croix, dans un long tête à tête où le souffle divin était perceptible.
A la fin de la célébration, deux détenus ont lu le premier discours de Léon XIV, particulièrement bien adapté à cette périphérie : « La paix soit avec vous tous. […] Dieu nous aime, Dieu vous aime tous, et le mal ne l’emportera pas ». Un message qui nous rappelle que les détenus sont également membres du peuple de Dieu. Les aumôniers et accompagnateurs ne font pas que porter le Christ aux prisonniers, ils grandissent dans leur foi et leur humanité en rencontrant le Christ en prison, en liant annonce de la foi, célébration et service du frère.
Ensuite, ce fut de nouveau un temps d’échange par petits groupes, et de rangement du lieu. Et un détenu m’a interpellé : « est-ce que je te revois dimanche prochain ? ». Deux aumôniers se sont alors éclipsés vers les zones de détention afin d’apporter la communion à plusieurs détenus isolés dans leurs cellules.
Trop vite, ce fut le temps du retour sous une pluie battante, mais le cœur joyeux… une joie à recevoir et à donner en rejoignant l’équipe de l’aumônerie.
Rendons grâce à Dieu !
Jean-Marie Durand

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