Cathédrale d’Agde, lundi 14 avril 2025
Frères et sœurs bien-aimés, chers frères évêques, prêtres, diacres, chers consacrés et séminaristes, ensemble, nous formons le Peuple de Dieu, appelé, rassemblé par Lui et envoyé pour annoncer Sa Parole sur notre terre occitane.

Nous venons de l’entendre. Jésus, dans la synagogue de Nazareth, se lève pour lire. Il reçoit le rouleau du prophète Isaïe. Il l’ouvre, il lit, le referme, le rend au servant et s’assied. Et dans un silence que l’on imagine dense, tous les yeux fixés sur Lui : il prononce simplement ces mots : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture. », car c’est bien en Lui que cet accomplissement se réalise.
Cet aujourd’hui, frères et sœurs, ce n’est pas seulement celui de Nazareth, c’est aussi le nôtre. C’est l’aujourd’hui de l’Église, celui de notre diocèse, celui de notre monde, ou l’Esprit du Seigneur continue d’oindre, de consacrer, de rassembler, d’envoyer. L’Onction n’est pas seulement un geste symbolique, mais une réalité qui transforme.
Au cours de notre messe chrismale, les huiles seront bénies, le saint chrême sera consacré.
Ces huiles toucheront les corps : ceux des catéchumènes, des malades, des baptisés, des confirmés, des prêtres et des évêques qui seront ordonnés.
Mais elles toucheront aussi les cœurs.
Elles rappelleront à chacun que l’onction consacre pour une mission, et non pour servir des ambitions.
Elle est d’abord un don reçu, avant d’être une tâche à accomplir.
Elle rappelle aussi qu’accueillie avec un cœur ouvert, l’onction sainte est porteuse d’une grâce infinie, signe sacramentel d’union au Christ et à Son Église.
Vous, chers frères prêtres, vous allez renouveler vos promesses avec vos frères diacres.
Elles ne sont pas une simple formule d’usage prononcée une fois par an. Ces promesses maintiennent en éveil la mémoire du cœur, celle de la foi, celle de l’œuvre du Seigneur en nous.


Une mémoire qui nous remet devant Celui qui nous a appelés et à qui nous avons répondu, peut-être avec des mains tremblantes, des lèvres balbutiantes, mais avec un cœur brûlant.
Frères, souvenons-nous du jour de notre ordination : ce moment où, face contre terre, nous avons offert notre vie.
L’onction du Christ, ce jour-là, ne s’est pas déposée sur des super-héros. Elle est venue habiter nos pauvretés, nos limites, nos fragilités, pour nous communiquer la force de l’Esprit de Pentecôte, celle des Apôtres et celle des serviteurs de l’Évangile.
Et c’est bien cela qui rend le ministère si beau : il révèle que Dieu peut faire des merveilles avec les vases d’argile que nous sommes.
Frères et sœurs, le monde a faim. Il a faim d’espérance, de vérité, de sens.
Il a soif de miséricorde, de fraternité, de paix.
Mais pour entendre cette faim, il faut la rejoindre, la sentir, l’épouser, non pas depuis les hauteurs d’un discours, mais en descendant au cœur de l’humanité blessée.
C’est là que notre vie en Christ et en Église prend tout son sens, quand nous savons particulièrement écouter le cri des pauvres.
Ministres ordonnés, nous ne sommes pas envoyés pour être des gestionnaires de sacrements, mais des témoins du Ressuscité dans la vie sacramentelle de l’Église, pas des fonctionnaires du culte, mais des porteurs d’une Parole qui relève, porteurs d’une vie, celle du Christ vivant dans l’Eucharistie, qui rassemble, unit, soigne, nourrit, guérit et sauve.
Le Christ nous précède dans toutes les « Galilées » d’aujourd’hui et nous y attend.
Il n’est pas resté dans le ciel. Il s’est abaissé, Il s’est fait proche. Et c’est là notre mission : être des prêtres, des diacres proches. Proches de Dieu dans la prière. Proches de nos frères dans le service. Proches les uns des autres dans la fraternité. Proches de tous par l’amour qui fait grandir la vie et la rend plus belle des couleurs de la Bonne Nouvelle.


Chères sœurs, chers frères en Christ, soutenez vos prêtres, vos diacres, vos évêques, priez pour eux.
Ne les idéalisez pas. Aimez-les pour ce qu’ils sont : des hommes appelés par Dieu, avec leurs qualités et leurs failles.
Et vous, chers prêtres, chers diacres n’oubliez jamais que vous êtes donnés au peuple, non pas pour le dominer, mais pour le servir avec amour et humilité, dans l’unité, dans la joie de l’Évangile.
Le Peuple de Dieu a besoin d’entendre de votre bouche que vous l’aimez. Dites-le-lui sans modération !
Et que dire des jeunes ? Aujourd’hui, ils nous bousculent, nous questionnent, nous étonnent, nous émerveillent par les nombreuses demandes de baptême, de communion, de confirmation, qu’ils nous adressent.
Ils rejoignent un nombre toujours plus important d’adultes qui empruntent le même chemin.
Ils ont ouvert leur porte au Christ et se réjouissent de Sa Présence dans leur vie avec le grand désir d’en devenir les disciples missionnaires.
Nous ne sommes pas aller les chercher. Nous sommes simplement témoins que le Seigneur continue d’appeler au-delà même du vacarme du monde qui ne parvient pas à étouffer Sa voix.
Ces jeunes, ces adultes sont les nouvelles pousses qui grandissent dans le jardin de l’Église. Prenons en soin.
Ils forment déjà l’Église de Pentecôte que j’appelle de tous mes vœux dans ma lettre pastorale. Ils annoncent de manière prophétique une Eglise plus catéchuménale, plus diaconale capable d’entendre la clameur du pauvre et celle de la terre et d’y répondre.


Alors si le Seigneur appelle dans ce sens, marchons à sa suite, soyons une Église qui elle aussi appelle, unit et accompagne avec un cœur qui accueille et des oreilles qui écoutent.
Une Église qui fait envie et qui donne envie de tout quitter pour tout donner.
Frères et sœurs, aujourd’hui s’accomplit cette parole.
Oui, aujourd’hui, le Christ nous touche par l’onction, il nous envoie par le souffle et le feu de Son Esprit, et il refait de nous un peuple de prêtres, de prophètes et de rois, un peuple pour les pauvres, les cœurs brisés, les prisonniers, les aveugles, un peuple consacré pour que le monde croie que l’amour est plus fort que la mort, que la vie n’est pas qu’une parenthèse à un moment de l’histoire, mais qu’en Jésus Ressuscité, elle jaillit en fleurs d’éternité.
Alors, avec lui, relevons-nous, avec Lui, unissons-nous, avec lui, reprenons la route, avec lui, devenons ce que nous recevons : le corps vivant de Celui qui oint, qui envoie et qui sauve.
Que Marie, Notre Dame de l’Agenouillade, qui a reçu l’onction de l’Esprit Saint dans une disponibilité totale, nous accompagne sur le chemin de la Pâque de Son Fils jusqu’au matin de Sa Résurrection. Amen.
Crédit photos Eva Tisseyre
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