Synode 2021-2023
Pour une Eglise synodale
communion / participation / mission

 

L’interrogation fondamentale qui guide cette consultation du Peuple de Dieu, comme cela a  déjà été rappelé au début de ce document, est la suivante :

Une Église synodale, en annonçant l’Évangile, “ marche ensemble ” : comment ce “ marcher  ensemble ” se réalise-t-il aujourd’hui dans votre Église particulière ? Quels pas l’Esprit nous invite t-il à accomplir pour grandir dans notre “ marcher ensemble ” ? 

Pour répondre, vous êtes invités à :

a) vous demander à quelles expériences de votre Église particulière cette question fondamentale  vous fait penser ?

b) relire plus profondément ces expériences : quelles joies ont-elles provoquées ? Quelles  difficultés et obstacles ont-elles rencontrés ? Quelles blessures ont-elles fait émerger ? Quelles  intuitions ont-elles suscitées ?

c) recueillir les fruits à partager : comment résonne la voix de l’Esprit dans ces  expériences « synodales » ? Qu’est-ce que l’Esprit est en train de nous demander aujourd’hui  ? Quelles sont les points à confirmer, les changements à envisager , les nouveaux pas à  franchir ? Où voyons-nous s’établir un consensus ? Quels chemins s’ouvrent pour notre Église  particulière ?

Divers aspects de la synodalité 

Dans la prière, la réflexion et le partage suscités par cette question fondamentale, il est opportun  de garder bien présents à l’esprit trois niveaux sur lesquels s’articule la synodalité comme  « dimension constitutive de l’Église » :

  • Le niveau du style ordinaire selon lequel l’Église vit et œuvre au quotidien, qui exprime sa  nature de Peuple de Dieu cheminant ensemble et se rassemblant en assemblée convoquée par  le Seigneur Jésus dans la force de l’Esprit Saint pour annoncer l’Évangile. Ce style se réalise  à travers « l’écoute communautaire de la Parole et la célébration de l’Eucharistie, la fraternité  de la communion et la responsabilité partagée, et la participation de tout le Peuple de Dieu, à  ses différents niveaux et dans la distinctions des divers ministères et rôles, à la vie et à la  mission de l’Église »[21] ;
  • Le niveau des structures et des processus ecclésiaux, déterminés notamment du point de vue  théologique et canonique, par lesquels la nature synodale de l’Église s’exprime d’une manière  institutionnelle au niveau local, au niveau régional et au niveau universel ;
  • Le niveau des processus et des événements synodaux durant lesquels l’Église est convoquée  par l’autorité compétente, selon des procédures spécifiques déterminées par la discipline  ecclésiastique.

Bien que distincts d’un point de vue logique, ces trois niveaux s’articulent l’un à l’autre et doivent  être considérés ensemble de façon cohérente ; autrement, on transmet un contre-témoignage et on  mine la crédibilité de l’Église. De fait, si celle-ci ne s’incarne pas concrètement dans des structures  et dans des processus, le style de la synodalité se dégrade rapidement, passant du niveau des intentions  et des désirs à celui de la rhétorique ; quant aux processus et aux événements synodaux, s’ils ne sont  pas animés par un style adéquat, ils apparaissent comme des formalités vides.

En outre, lors de la relecture des expériences, il faut se souvenir que “ marcher ensemble ”  peut être compris selon deux perspectives différentes, fortement liées entre elles. La première  concerne la vie interne des Églises particulières, les rapports entre les sujets qui les constituent (en  premier lieu les relations entre les fidèles et leurs pasteurs, notamment par le biais des organismes de  participation prévus par la discipline canonique, y compris le synode diocésain) et les communautés  qui les composent (en particulier les paroisses). Elle considère aussi les rapports entre les évêques  entre eux et l’Évêque de Rome, notamment par le biais des organismes intermédiaires de synodalité  (Synode des Évêques des Églises patriarcales et archiépiscopales majeures, Conseils des Hiérarques  et Assemblées des Hiérarques des Églises sui iuris, Conférences épiscopales, avec leurs expressions  nationales, internationales et continentales). Elle s’élargit ensuite à la façon dont chaque Église  particulière intègre en son sein la contribution des diverses formes de vie monastique, religieuse et  consacrée, d’associations et mouvements laïcs, d’institutions ecclésiales et ecclésiastiques de  différents genres (écoles, hôpitaux, fondations, organismes de charité et d’assistance, etc.). Enfin,  cette perspective englobe également les relations et les initiatives communes avec frères et sœurs des  autres Confessions chrétiennes, avec lesquelles nous avons en commun le don du même Baptême.

La seconde perspective considère la façon dont le Peuple de Dieu chemine avec la famille  humaine tout entière. Le regard s’attardera ainsi sur l’état des relations, du dialogue et des éventuelles  initiatives communes avec les croyants d’autres religions, avec les personnes éloignées de la foi, de  même qu’avec des milieux et groupes sociaux spécifiques, avec leurs institutions (monde de la  politique, de la culture, de l’économie, de la finance, du travail, syndicats et associations  d’entrepreneurs, organisations non gouvernementales et de la société civile, mouvements populaires,  minorités de différent genre, pauvres et exclus, etc.).

Vous pouvez envoyer vos réponses à : archeveque@diocese34.fr

Dix pôles thématiques essentiels à approfondir

Pour faciliter la mise en lumière d’expériences et favoriser de manière plus riche la consultation, nous indiquons également ci-après dix pôles thématiques qui ont trait à diverses facettes de la “synodalité vécue”. Ces pistes devront être adaptées aux divers contextes locaux et, selon les situations, intégrées, explicitées, simplifiées, approfondies, en accordant une attention spéciale à ceux qui ont le plus de difficulté à participer et à répondre: le Vademecum qui accompagne ce Document Préparatoire offre à cet égard des ressources, des parcours et des suggestions afin que les différents domaines de questions inspirent concrètement des moments de prière, de formation, de réflexion et d’échange.

I. LES COMPAGNONS DE VOYAGE

Dans l’Église et dans la société, nous sommes sur la même route, côte à côte.Dans votre Église locale, quels sont ceux qui “marchent ensemble”? Quand nous disons “notre Église”, qui en fait partie? Qui nous demande de marcher ensemble? Quels sont les compagnons de voyage avec qui nous cheminons, même en dehors du cercle ecclésial? Quelles personnes ou quels groupes sont-ils laissés à la marge, expressément ou de fait?

II. ÉCOUTER

L’écoute est le premier pas, mais demande d’avoir l’esprit et le cœur ouverts, sans préjugés. Vers qui notre Église particulière a-t-elle “un manque d’écoute”? Comment les laïcs sont-ils écoutés, en particulier les jeunes et les femmes? Comment intégrons-nous la contribution des personnes consacrées, hommes et femmes? Quelle place occupe la voix des minorités, des marginaux et des exclus? Parvenons-nous à identifier les préjugés et les stéréotypes qui font obstacles à notre écoute? Comment écoutons-nous le contexte social et culturel dans lequel nous vivons?

III. PRENDRE LA PAROLE

Tous sont invités à parler avec courage et parrhésie, c’est-à-dire en conjuguant liberté, vérité et charité. Comment favorisons-nous, au sein de la communauté et de ses divers organismes, un style de communication libre et authentique, sans duplicités ni opportunismes? Et vis-à-vis de la société dont nous faisons partie? Quand et comment réussissons-nous à dire ce qui nous tient à cœur? Comment fonctionne le rapport avec le système des médias (pas seulement les médias catholiques)? Qui parle au nom de la communauté chrétienne et comment ces personnes sont-elles choisies?

IV. CÉLÉBRER

“Marcher ensemble” n’est possible que si ce chemin repose sur l’écoute communautaire de la Parole et sur la célébration de l’Eucharistie. De quelle façon la prière et la célébration liturgique inspirent et orientent effectivement notre “marcher ensemble”? Comment est-ce que cela inspire les décisions les plus importantes? Comment encourageons-nous la participation active de tous les fidèles à la liturgie et à l’exercice de la fonction de sanctification ? Quelle place est donnée à l’exercice des ministères du lectorat et de l’acolytat?

V. CORESPONSABLES DANS LA MISSION

La synodalité est au service de la mission de l’Église, à laquelle tous ses membres sont appelés à participer. Puisque nous sommes tous des disciples missionnaires, de quelle manière chaque baptisé est-il convoqué à être un acteur de la mission? Comment la communauté soutient-elle ses membres qui sont engagés dans un service au sein de la société (engagement social et politique, engagement dans la recherche scientifique et dans l’enseignement, au service de la promotion des droits humains et de la sauvegarde de la Maison commune, etc.)? Comment la communauté aide-t-elle à vivre ces engagements dans une dynamique missionnaire? Comment se fait le discernement concernant les choix missionnaires et qui y participe? Comment ont été intégrées et adaptées les diverses traditions en matière de style synodal, qui constituent le patrimoine de nombreuses Églises, en particulier des Églises orientales, en vue d’un témoignage chrétien fécond? Comment fonctionne la collaboration dans les territoires où sont présentes des Églises sui iuris différentes?

VI. DIALOGUER DANS L’ÉGLISE ET DANS LA SOCIÉTÉ

Le dialogue est un chemin qui demande de la persévérance, et comporte aussi des moments de silences et de souffrances, mais qui est capable de recueillir l’expérience des personnes et des peuples. Quels sont les lieux et les modalités de dialogue au sein de notre Église particulière? Comment sont gérées les divergences de vue, les conflits et les difficultés? Comment encourageons-nous la collaboration avec les diocèses voisins, avec et entre les communautés religieuses présentes sur le territoire, avec et entre les associations et mouvements de laïcs, etc.? Quelles expériences de dialogue et d’engagement en commun mettons-nous en œuvre avec des croyants d’autres religions et avec ceux qui ne croient pas? Comment l’Église dialogue-t-elle et apprend-elle d’autres instances de la société: le monde de la politique, de l’économie, de la culture, la société civile, les pauvres…?

VII. AVEC LES AUTRES CONFESSIONS CHRÉTIENNES

Le dialogue entre chrétiens de diverses confessions, unis par un seul Baptême, occupe une place particulière sur le chemin synodal. Quels relations entretenons-nous avec les frères et sœurs des autres Confessions chrétiennes? Quels domaines concernent-ils? Quels fruits avons-nous recueillis de ce “marcher ensemble”? Quelles difficultés aussi?

VIII. AUTORITÉ ET PARTICIPATION

Une Église synodale est une Église de la participation et de la coresponsabilité. Comment sont définis les objectifs à poursuivre, la voie pour y parvenir et les pas à accomplir? Comment est exercée l’autorité au sein de notre Église particulière? Quelles sont les pratiques de travail en équipe et de coresponsabilité? Comment sont encouragés les ministères laïcs et la prise de responsabilité de la part des fidèles? Comment fonctionnent les organismes de synodalité au niveau de l’Église particulière? Constituent-ils une expérience féconde?

IX. DISCERNER ET DÉCIDER

Dans un style synodal, les décisions sont prises via un processus de discernement, sur la base d’un consensus qui jaillit de l’obéissance commune à l’Esprit. Avec quelles procédures et avec quelles méthodes discernons-nous ensemble et prenons-nous des décisions? Comment peuvent-elles être améliorées? Comment favorisons-nous la participation de tous aux décisions au sein de communautés structurées d’une manière hiérarchique? Comment conjuguons-nous la phase consultative et la phase délibérative, le processus menant à la prise de décision (decision-making) et le moment de la décision (decision-taking)? De quelle façon et avec quels instruments encourageons-nous la transparence et la responsabilité (accountability)?

X. SE FORMER À LA SYNODALITÉ

La spiritualité du marcher ensemble est appelée à devenir le principe éducatif de la formation humaine et chrétienne de la personne, la formation des familles et des communautés. Comment formons-nous les personnes, spécialement celles qui occupent des rôles de responsabilité à l’intérieur de la communauté chrétienne, pour les rendre davantage capables de “marcher ensemble”, de s’écouter mutuellement et de dialoguer? Quelle formation au discernement et à l’exercice de l’autorité offrons-nous? Quels instruments nous aident-ils à lire les dynamiques de la culture dans laquelle nous sommes immergés et leur impact sur notre style d’Église?