Dès les débuts du christianisme, les apôtres désignèrent des dirigeants pour superviser les premières assemblées de fidèles. Ces responsables portaient le titre d’épiscopes, du grec episkopos signifiant « surveillant » ou « protecteur ».

Ainsi que le relatent les Actes des Apôtres et des lettres de Paul, les apôtres procédaient à l’imposition des mains sur ces épiscopes. Par ce geste rituel ils transmettaient au nouveau responsable d’une communauté chrétienne, l’Esprit Saint  ainsi que les missions que Jésus-Christ leurs avait transmises : la prédication, l’administration du baptême, la présidence de l’Eucharistie, et la conduite spirituelle des communautés.

Aujourd’hui, lorsqu’un prêtre accède à la dignité épiscopale, il reçoit l’ensemble des pouvoirs liés au sacrement de l’ordre, à l’image des apôtres. Les évêques perpétuent ainsi la lignée apostolique, et incarnent la cohésion et l’unité de son Église diocésaine. A l’occasion du jubilé de son ordination épiscopale, Mgr Pierre-Marie Carré, dans son homélie, revient sur la mission confiée à l’évêque.

Homélie de Mgr Pierre-Marie Carré, archevêque émérite du diocèse de Montpellier

Cathédrale Saint-Pierre, dimanche 19 octobre 2025

La liturgie de ce jour insiste sur la prière de demande. Luc, dans l’évangile de ce jour, rappelle les paroles de Jésus sur « la nécessité de toujours prier sans se décourager » et il évoque la prière insistante d’une veuve qui réclame justice. Il ouvre ainsi un chemin devant nous : ne cessons pas de prier, de demander, mais aussi de louer le Seigneur. Si cette mission est confiée à tous, elle est particulièrement celle de l’évêque. Comme Moïse, il tient les mains levées vers le Seigneur en présentant jour après jour sa mission, le diocèse, les personnes qui lui sont confiées.

Dans la mission d’un évêque, c’est la dimension spirituelle de son ministère qui est peut-être la moins visible ; c’est pourtant elle qui soutient l’évêque et lui permet de ne pas se décourager devant les difficultés et les épreuves rencontrées. Il sait qu’il doit passer par où son Maitre et Seigneur est passé.

Aujourd’hui, en célébrant avec vous les 25 années de mon épiscopat, je voudrais rendre grâce au Seigneur pour son appel et tout ce qu’il m’a permis de vivre au cours de ces années, tout particulièrement aujourd’hui au cours des années de mon épiscopat auprès de vous. Permettez-moi d’avoir une pensée particulière pour les jeunes prêtres que j’ai ordonnés et qui œuvrent au milieu de vous : c’est une joie pour moi.

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Rendre grâces pour la mission confiée malgré mes insuffisances. Le mot « évêque » vient du grec « episcopos », celui qui veille sur. Être évêque, au sens fort du terme, c’est avoir une vision globale, ne pas se perdre dans les détails, avoir un regard soucieux et responsable. Un regard qui devient action, accompagnement, conduite, encouragement.

Mais qui peut avoir un tel regard ? Pour cela, il faut pouvoir se tenir en haut. De quelle hauteur s’agit-il ? La véritable hauteur dont il est question, c’est la communion avec le Christ Jésus. Il est monté sur la croix et c’est de là qu’Il nous révèle qui nous sommes et où nous devons aller. C’est avec Lui que nous pouvons acquérir le juste regard, le regard de l’amour qui vient de Dieu qui, seul, nous permet de bien voir. La conclusion est claire : la hauteur nécessaire pour le ministère de celui qui veille, de l’évêque, ce n’est pas la distance, c’est la hauteur de l’amour.

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La mission de l’évêque commence le jour de son ordination.

A travers la prière de tous ceux et celles qui étaient présents, à travers le geste de l’imposition des mains par les évêques, il reçoit l’Esprit Saint pour réaliser la mission qui lui est confiée. Entendons-nous bien : l’Esprit Saint n’est pas un bien que l’on pourrait posséder, il est une puissance de transformation. Dans les évangiles, il est comparé au vent et au feu. Il purifie et renouvelle, il enflamme et il brûle ! En fait, ce n’est pas nous qui possédons l’Esprit Saint, c’est lui qui nous saisit. Il nous met en route.

Recevoir l’Esprit Saint, c’est en fait lui être confié pour que nous devenions des serviteurs du Christ, de l’Évangile et des autres. Cela signifie aussi être envoyé.

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Je pense avec émotion aux gestes typiques de l’ordination d’un évêque.

Il y a, bien sûr, les gestes habituels de toute ordination : celui qui va être ordonné se prosterne pendant la litanie des saints pour signifier que, par lui-même, il ne peut rien, mais que c’est la grâce de Dieu qui lui donnera la force, la sagesse, la foi et le courage pour mener à bien sa mission.

Il y a l’imposition des mains, geste qui, avec la prière d’ordination, réalise le don de l’Esprit Saint. Il y a l’onction avec le saint-chrême par l’évêque. Pour les prêtres, ce sont les mains qui reçoivent l’onction ; quant à l’évêque, c’est sur la tête qu’il la reçoit, signe de la mission de diriger et de conduire l’Église.

Mais il y a un autre signe qui me paraît particulièrement significatif.

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Pendant la prière d’ordination, deux diacres tiennent ouvert au-dessus du nouvel évêque le livre des Saintes Écritures.

Que signifie ce geste ?

– La Parole est placée au-dessus de sa tête. Cela signifie que l’évêque est appelé à agir, non pas en son propre nom, mais qu’il est mandataire d’un Autre ; ce qui compte désormais, ce ne sont pas ses idées personnelles, mais la Parole de Dieu qu’il a mission d’enseigner et de transmettre. En me mettant derrière, et sous la Parole de Dieu, je ne cherche pas à me diminuer, j’entre dans ce qui est vraiment grand : le projet de Dieu.

– Si la Parole est au-dessus de la tête, cela signifie aussi que la Parole me protège, me couvre. On l’appelle parfois « le casque du salut ». Si on la reçoit dans cet esprit, cela signifie que la Parole de Dieu protège de toute suffisance, qu’elle travaille à rendre libre pour rester ouvert à l’action du Dieu Vivant.

– La Parole n’est pas seulement un livre ! Elle est vivante, elle vient nous travailler et nous aide à devenir juste et sage ; elle nous apprend à aimer le Seigneur et les frères.

Voilà pourquoi, pendant les 25 années passées dans le Tarn puis à Montpellier, j’ai encouragé à lire la Parole de Dieu, à s’en imprégner, à la partager en groupes.

En ce dimanche, l’Eglise nous invite à considérer la mission universelle ; c’est un appel à prier à cette intention et à soutenir nos frères et sœurs engagés dans l’annonce de l’Evangile à tous, un appel pour chacun à y prendre sa part. L’évêque y est engagé en première ligne : cela est affirmé nettement par le concile Vatican II : « Parmi les charges principales des évêques, la prédication de l’Evangile est la première » ; et encore «Les évêques doivent proposer la doctrine chrétienne d’une façon adaptée aux nécessités du moment, c’est-à-dire en répondant aux difficultés et aux questions qui angoissent le plus les hommes».

En citant ces passages, je mesure à nouveau combien cette charge est prenante. Être évêque n’a sans doute jamais été facile. En ce début de millénaire, ce l’est moins encore.

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Comment ne pas mesurer les immenses défis qui se présentent à nous en ressentant notre faiblesse et nos limites ? Mais, jour après jour nous présentons au Seigneur l’action généreuse, parfois aride, de tous ceux qui sont engagés dans l’annonce de l’Évangile, pour qu’Il veuille la bénir et lui donner accroissement. Et en ces temps nous est offerte la joie immense de voir l’action du Seigneur dans le cœur des personnes qui se tournent vers l’Église et les sacrements bien au-delà de ce que nous pouvions espérer !

Je me recommande à votre prière pour que, dans cette dernière étape de ma vie, je puisse davantage aimer le Christ Jésus ainsi que ceux et celles qu’Il me demande de servir. Vous pouvez compter sur la mienne.

“Un pasteur pour tous et pour chacun”

Un souvenir avec Mgr Carré

Comment occuper ses enfants pendant un confinement ?
« Et si on écrivait une lettre aux prêtres de la paroisse et une lettre à l’archevêque de Montpellier, en soutien dans l’épreuve »
Aussitôt dit, aussitôt fait !

Cartes et dessins seront offerts le jeudi Saint, pour la fête des prêtres…  Je rencontre Mgr Carré, pour la retransmission de la messe épiscopale depuis la cathédrale et lui remets les messages.

Le dimanche suivant, dimanche de Pâques, Mgr Carré me tend une enveloppe : « pour Clotilde ».
Quelques lignes, une réponse, un remerciement pour une petite fille de 7 ans, … Clotilde en garde un souvenir ému.

Voilà qui représente bien pour moi, Mgr Carré : «un pasteur pour tous et pour chacun » même pour une petite fille de 7 ans…

Mgr Carré est avant tout connu pour son infinie bienveillance.

Mais il est aussi doté d’un grand sens de l’humour.

Retrouvez-le comme vous ne l’avez certainement jamais vu ! ↓Cliquez sur la photo pour faire défiler l’album↓