Saint patron des médecins, Saint Luc est célébré le 18 octobre. Dans de nombreux diocèses, c’est naturellement la date de la messe de rentrée des professionnels, étudiants et bénévoles de la santé.

Mais qui était saint Luc ? Mgr Pierre Debergé revient sur cet évangéliste prolifique.

Dès la fin du IIème siècle, la tradition patristique a unanimement reconnu en Luc l’auteur du troisième évangile et des Actes des Apôtres. Le plus ancien témoignage est celui d’Irénée : « Luc, le compagnon de Paul, consigna en un livre l’Évangile que prêchait celui-ci. » Le Canon de Muratori, désigné ainsi en raison du nom de l’archéologue italien qui découvrit ce manuscrit datant aussi du IIème siècle, nous donne quelques renseignements supplémentaires :

« Ce Luc était médecin. Après l’ascension du Christ, Paul l’ayant pris pour second à cause de sa connaissance du droit, il écrivit avec son assentiment ce qu’il jugeait bon. Cependant lui non plus ne vit pas le Seigneur dans la chair. Et par conséquent selon ce dont il avait pu s’informer il commença à le dire à partir de la nativité de Jean »

Au début du IVème siècle, Eusèbe de Césarée consacre également une longue notice à Luc.

« Quant à Luc, antiochien d’origine et médecin de profession, il fut très longtemps associé à Paul et il vécut plus qu’en passant avec les apôtres : c’est d’eux qu’il a appris la thérapeutique des âmes, comme il en a laissé des preuves dans deux livres inspirés par Dieu, l’Évangile qu’il témoigne avoir composé d’après les traditions de ceux qui avaient été dès le commencement les spectateurs et les ministres de la parole et dont il affirme qu’il les a suivis depuis le début ; et les Actes des Apôtres qu’il a rédigés non pas après les avoir entendus, mais après les avoir vus de ses yeux. »

A la lecture de son évangile et des Actes des Apôtres, on comprend que Luc était un homme cultivé qui connaissait la culture grecque. En sont des signes la souplesse et la qualité de sa langue, ainsi que la variété de son vocabulaire. « De sa langue châtiée, on peut conclure qu’il appartient à une classe sociale supérieure et qu’il a fait de bonnes études comprenant aussi bien la rhétorique que l’exégèse juive », écrit un grand connaisseur de son œuvre.
Cette culture de Luc pourrait également expliquer que l’on ait vu en lui un médecin, car il parle des malades et de leur guérison avec plus de précision que les autres évangélistes ; on trouve même dans son œuvre une certaine familiarité avec la terminologie médicale, mais des auteurs font remarquer que rien n’indique que sa culture médicale dépassait, à cette époque, celle d’une personne cultivée.

Nous retiendrons de son œuvre sa présentation de Jésus comme le messager de la miséricorde de Dieu. Aussi n’est-ce pas étonnant si son évangile, plus que les autres, manifeste la tendresse de Dieu et sa bonté. En sont l’illustration la parabole du fils prodigue (15,11-32), la rencontre entre Jésus et Zachée (19,1-10), Jésus priant son Père pour ses bourreaux (23,34) ou promettant le « paradis » au « bon larron » (23,43). Totalement abandonné entre les mains de son Père (2,49 et 23,46), avec qui il est constamment en prière (3,21 ; 4,42 ; 5,16 ; 6,12 ; 9,28-29 ; 22, 32.40-46), Jésus révèle le mystère de l’amour de Dieu pour les pécheurs, et sa plénitude de joie « pour un seul pécheur qui se convertit » (15,10). Évangile de la tendresse de Dieu, cet évangile est aussi celui de la joie et de la louange vers Dieu. Alors que Matthieu est grave, souvent hiératique, et que Marc ne mentionne la joie qu’une seule fois (Mc 4,16), Luc souligne, en effet, la joie messianique qui fait irruption dans les récits de l’enfance (1,14.28.44.47.58 ; 2,10) et transparaît dans de nombreuses pages de son récit (5,26 ; 10,17 ; 13,17 ; 18,43 ; 19,6.37 ; 24,51-52).

Mgr Pierre Debergé