Le serment de Pamfir

  • Réalisatrice : Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk
  •  Genre : drame
  •  Nationalité : française, polonaise, chilienne, ukrainienne
  •  Distribution : Miroslav Makoviychuk, Yelena Khokhlatina, Oleksandr Yatsentyuk…
  • Durée : 1h42mn
  • Sortie : 2 novembre  2022

Un homme caché derrière un pagne, le visage sous un masque grimaçant. Pamfir s’ouvre sur un plan beau et terrifiant, annonciateur d’une sombre histoire de gangsters, millimétrée, à la photographie impeccable. Le premier long-métrage de Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk, sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs, nous emmène dans l’ouest de l’Ukraine, jusqu’à la frontière avec la Roumanie, une zone méconnue, où sévit la contrebande.

Un village de l’ouest de l’Ukraine, la veille de son carnaval traditionnel. Pamfir rejoint les siens après des mois d’absence. Les liens qui unissent cette famille sont si forts que lorsque Nazar, son fils unique, met le feu à la salle paroissiale locale, Pamfir n’a d’autre choix que de renouer avec son passé trouble afin de réparer l’erreur de son enfant. Il se lance alors dans un trafic risqué qui l’amènera à prendre des décisions aux conséquences irréversibles.

Pamfir souffre d’être hors la loi, mais il se sacrifie pour que son fils puisse étudier à l’université et profiter d’un avenir meilleur. Scène après scène, le film dévoile l’enchevêtrement des rapports familiaux, les pièges qui s’accumulent, avant que ne se dessine une dangereuse spirale pour Pamfir, entraîné malgré lui dans de nouveaux trafics, pour rembourser des dettes. Ce film, hanté par la tragédie grecque, ménage le suspense jusqu’au dernier plan.

Premier long métrage franco-ukrainien, film superbe, nerveux, truculent, où rythme, image et son créent une atmosphère puissante, Pamfir est une réflexion intéressante sur les limites du libre arbitre et l’influence de variables aussi diverses que la corruption, la religion, ou l’honneur familial. Mais le cinéaste évite la tonalité dramatique et cette œuvre frappe par sa puissance narrative et son habileté à mélanger les genres.

 

Philippe Cabrol
Chrétiens et Cultures

Armageddon Time

  • Réalisatrice : James Gray
  •  Genre : drame
  •  Nationalité : américain, brésilien
  •  Distribution : Anthony Hopkins, Anne Hathaway, Jeremy Strong …
  • Durée : 1h55mn
  • Sortie : 9 novembre  2022

James Gray est revenu en compétition au Festival de Cannes 2022 avec un film ouvertement inspiré de sa propre jeunesse.

Au milieu des années 1980, le quartier du Queens à New York est sous l’hégémonie du promoteur immobilier Fred Trump, père de Donald Trump, le futur président des États-Unis.Un adolescent, Paul, étudie au sein du lycée de Kew-Forest School dont le père Trump siège au conseil d’administration de l’école et dont Donald Trump est un ancien élève.

Armageddon dans la Bible c’est le lieu du dernier combat entre le bien et le mal. A New York dans les années 80, deux jeunes garçons vont vivre une histoire d’amitié contrariée. Tous deux appartiennent à des minorités : l’un est juif, l’autre noir. dans une Amérique qui privilégie ce qui est blanc, propre et riche.

Le film de James Gray dénonce le déterminisme social, l’injustice pour les uns et le privilège pour les autres qui se perpétuent de générations en générations.
Le cinéaste focalise son intrigue sur sa thématique de prédilection : les relations filiales conflictuelles. Pour narrer son enfance, James Gray se crée un double, Paul Graff et installe sa caméra au cœur d’une famille juive. Les figures paternelles gravi-tent autour du héros, à commencer par ce grand-père charismatique et aimant, qui est peut-être le seul à croire en ses aspirations. Armageddon Time est un film sur l’éducation, en ce qu’elle doit ouvrir des chemins et créer des espaces de liberté.

James Gray filme également avec une grâce infinie la relation entre Paul et un jeune garçon noir, élevé par une grand-mère démente. Ils vont apprendre dans la douleur qu’ils ne sont pas soumis aux mêmes discriminations.

Le film est une balade agréable au cœur des souvenirs d’un homme dont les tragédies familiales n’ont cessé de le passionner, voire même de le hanter. James Gray signe là le film le plus personnel de sa carrière avec toujours en ligne de mire, ses obsessions de toujours : le déterminisme familial et social, le choix de la liberté et le rapport au père.

 

Philippe Cabrol
Chrétiens et Cultures