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La messe chrismale a lieu durant la Semaine Sainte. Durant la messe chrismale, l’évêque bénit les autres huiles saintes et consacre le Saint Chrême. Cette huile servira dès les baptêmes de Pâques puis tout au long de l’année pour les sacrements du baptême, de la confirmation et de l’ordre. Au cours de cette messe qui manifeste l’unité de toute l’Église diocésaine autour de son évêque, les prêtres renouvellent leurs promesses sacerdotales : vivre toujours plus unis au Seigneur Jésus, chercher à lui ressembler, renoncer à eux-mêmes, être fidèles aux engagements attachés à la charge ministérielle, célébrer les sacrements, annoncer la Parole de Dieu avec désintéressement et charité.

Homélie de Mgr Norbert Turini pour la messe chrismale

Cathédrale Saint Nazaire de Béziers – lundi 25 mars 2024

 

Sœurs et frères,

Le jour de son ordination épiscopale, le nouvel évêque fait le tour de sa Cathédrale en traversant l’assemblée, comme s’il parcourait symboliquement son diocèse.

C’est ce que qui est devenu effectif dans mes visites pastorales. Ces « visitations » m’auront permis de janvier 2023 à février 2024, de découvrir chaque secteur missionnaire et de rencontrer les fidèles de nos paroisses, les ministres ordonnés, les consacrés et tous les acteurs de la vie locale dans leur grande diversité. Ce soir avec vous je veux rendre grâce pour le labeur missionnaire des prêtres, diacres, religieuses, religieux, laïcs! Merci à tous.

Au cours de ces dix visites j’ai entendu battre le cœur de notre Église diocésaine en me rapprochant d’elle et cette proximité effective et affective m’a encore plus attaché à vous qui formez notre famille diocésaine.

Tant que le cœur bat c’est que le corps est vivant.

 

Oui elle est bien vivante notre famille Église. Nous pouvons ensemble nous en émerveiller. C’est en écoutant battre son cœur que j’ai pu vous écrire ma lettre pastorale. Notre famille diocésaine, je la confie à l’intercession et à la prière de Marie pour qu’elle en prenne soin comme une mère de ses enfants.

Jésus-Christ, le premier, a écouté battre le cœur de Son Peuple dans chaque ville, village où il se rendait. Là, il s’unissait profondément à la vie

  • fragile des uns,
  • joyeuse des autres,
  • tourmentée, angoissée des malades, des pauvres, des pécheurs, des possédés.

Pour être pleinement incarné, Lui, le Fils de Dieu, avait besoin de cette proximité avec ces hommes et ces femmes de toute génération, de toute condition : juifs ou païens. Il se laissait toucher par leur existence.

Comment Sa Parole aurait pu ouvrir leur cœur à la foi, être accueillie, pénétrer leur esprit et y demeurer sans cette alliance entre Lui et eux ?

 

Là où les gens vivent : en famille, au travail, dans les rues, sur les places, dans les synagogues ou dans l’espace public, Jésus les rejoint et se laisse rejoindre.

Il leur ouvre son cœur, Il est lui-même la Parole qui s’offre à eux, Il leur révèle l’amour puissant et miséricordieux de Son Père. Il passe parmi eux en faisant le bien.

Oui, à travers Jésus, Dieu a visité Son Peuple. Celles et ceux qui ont vécu cette « visitation »  ne l’ont jamais oublié et elle a changé leur vie.

Frères prêtres et vous qui vous préparer à le devenir cette année, gardons tous ensemble les yeux fixés sur le Christ, fidèles à Sa Parole pour imiter sa charité. Ne le perdons jamais de vue.

Nous sommes appelés pour être envoyés, au service du Peuple de Dieu, c’est-à-dire à son contact, non au-dessus de lui, mais avec lui, au milieu de lui.

C’est la mission qu’Il nous confie : aimer Son Peuple non pas tel que nous le rêvons ou l’imaginons mais à partir de son histoire, de sa réalité, de sa vie, comme Jésus le découvrait sur le terrain de sa propre mission.

Aimer son Peuple qu’Il nous confie c’est entrer dans ce cœur à cœur du Christ avec le monde, c’est entrer dans Son dialogue d’amour et de salut.

Il nous faut éviter toute pastorale de l’illusion, où face à une réalité jugée difficile, un monde trop dur, nous aurions la tentation de nous réfugier et de nous replier sur nous-mêmes pour chercher le meilleur confort pastoral et liturgique qui nous met à l’abri, nous évitant d’être exposé. Ce n’est pas à quelques-uns que nous sommes envoyés, mais à tous.

Ce n’est pas le choix du Christ, ni celui de Son Église. Ouvrir son cœur et aimer, c’est toujours être exposé. Il n’y a qu’à fixer notre regard sur Jésus en croix pour nous en convaincre.

La réalité de la vie  est dure,

  • parce que celle de beaucoup de gens est difficile, parfois complexe, douloureuse,
  • parce que des parents se demandent ce que leurs enfants vont devenir,
  • parce qu’il y a chez nous des agriculteurs en colère,
  • parce que l’on se demande où va notre terre avec son lot de catastrophes écologiques, de dérives nucléaires, avec ses guerres, ses épidémies,
  • parce qu’il y a des jeunes qui arrivent sur le marché du travail et qui n’en trouvent pas,
  • parce qu’il ya des gens très seuls, très pauvres, qui vivent dans la rue, qui sont tombés dans l’oubli et qui n’intéressent personne,
  • parce que des migrants cherchent une terre d’asile et rencontrent souvent que de l’indifférence et du rejet,
  • parce que le respect de la vie de son origine à son terme est menacé.

 Oui c’est pour beaucoup la dure réalité et c’est au cœur de ces réalités et de bien d’autres encore que nous sommes envoyés diacres, prêtres, évêque, pour offrir à tous la Bonne Nouvelle du Christ source de joie, de libération, de salut et d’espérance, en devenant serviteurs de Son Evangile, « appelés à rassembler dans l’unité, les enfants de Dieu dispersés ».

C’est pour cela enfin que vos mains, frères prêtres, mon front ont été marqués par le Saint Chrême.

 De cette même onction que le Christ a reçue du Père par l’Esprit, il nous a consacrés  pour continuer son œuvre :

  • annoncer et prêcher la Bonne Nouvelle,
  • nourrir le Peuple de Son Eucharistie,
  • le faire vivre de ses sacrements

afin que celles et ceux qui les reçoivent, trouvent la force, l’Espérance,

  • d’affronter, de dépasser et de vaincre la dure réalité
  • en s’ouvrant à la confiance, à la solidarité, au partage, à la fraternité, à l’hospitalité, au respect de la création et de la vie, à l’amour de Dieu.

Oui, on ne peut pas être pasteur, serviteur sans être proche, sans aimer. Il n’y aurait rien de pire que l’on nous reproche d’être sans cœur !C’est une évidence. C’est par son Sacré Cœur que Jésus s’est uni à Son Peuple. Il n’a pas vécu en surface, Il a plongé Sa vie dans la sienne. Il a habité Son Peuple en le visitant.

C’est cela que vit l’Église : sacrement du Christ au cœur du monde.

C’est cela qu’elle demande à ses évêques, à ses prêtres, à ses diacres.

C’est cela que je nous demande.

Les huiles que je vais bénir et le Saint Chrême que je vais consacrer sont le signe visible de ce cœur à cœur du Christ avec celles et ceux qui en sont marqués. L’huile, pénètre, fortifie et stimule :

Elle est force des catéchumènes et les aide à résister au découragement, pour aller au cœur de leur conversion, pour découvrir de l’intérieur la profondeur de l’Évangile, la profusion de l’amour de Dieu qui saisit toute leur existence et la transforme.

L’huile aide les malades à trouver au cœur de leur épreuve et de leur handicap, l’énergie et l’endurance pour vivre en restant uni au Christ et en joignant leur vie à l’offrande de la Sienne.

Par l’onction du St Chrême, l’Esprit Saint va se communiquer cette année aux 126 adultes, baptisés à Pâques, aux 400 adolescents et confirmands adultes qui recevront l’Esprit Saint pour vivre du mystère pascal qui les unit à la mort et à la résurrection du Christ, aller au cœur de l’Église et de sa mission en recevant les 7 dons de l’Esprit et la marque du Dieu vivant au cœur leur existence.

Aux cinq futurs ordonnés pour que le service et l’amour du Peuple de Dieu, l’annonce de l’Évangile soit le cœur  de leur mission.

Notre diocèse est un Peuple de vivants, une famille de baptisés, de confirmés, de consacrés, d’ordonnés, où chacun selon sa vocation respective a été saisi par le Christ, façonné par l’amour du Père, consacré par l’Esprit pour porter à tous cette joie de vivre, de croire et d’aimer qui fait battre les cœurs des plus proches aux plus lointains. AMEN.